Night Music est le premier album solo d’
Etienne Jaumet. Pour autant, notre bonhomme n’a rien d’un débutant. Bien au contraire. C’est même en quelque sorte, sans qu’on ose se l’avouer vraiment, notre Docteur Es "claviers sous acides" national. En ces temps de débats houleux sur notre identité commune, à nous, Français de France, rendons lui au moins cet hommage. Je laisse donc trente secondes à mes lecteurs les plus épris de patriotisme pour faire une petite série de génuflexions devant les disques de
Married Monk et de
Zombie Zombie (n’oubliez pas la croix de Lorraine et le pot de rillettes).
Passé ce vibrant hommage de circonstance, revenons à
Night Music. Accompagné à la production de
Carl Craig, figure ô combien légendaire de la techno made in Detroit, notre claviériste sous psychotrope fait tomber la nuit sur terre. Et ce pour mieux laisser s’épanouir à la lumière des néons, cinq titres imparables d’electro synthétique au doux parfum rétrofuturiste.
Night Music est bien une symphonie pour voies rapides, où la sensation de vitesse, omniprésente, nous embarque dans un trip mental vertigineux. Évidement, une ombre plane sur chacun des morceaux de
Night Music : celle de
Kraftwerk. Imaginez donc : une version testostéronée d’
Autobahn, envenimée par les hurlements d’un sax traité à la
John Hassel, et les voix transcendantales d’une communiante vaudou. Vous obtenez ainsi le titre fleuve qui ouvre notre galette :
For Falling Asleep.
Épique en tout point. Que ce soit pendant vingt minutes ou cinq,
Etienne Jaumet manie ses mélodies obsédantes et ondulantes avec un savoir faire sans faille. Il ne surprendra néanmoins personne, surtout pas ses aficionados. Mais
Night Music est avant tout une œuvre intègre et totalement jouissive. Que demande le peuple ?