Difficile à l’écoute de ce disque de deviner que le jeune producteur hollandais Martijn Deykers alias
Martyn nous livre ici son premier album. Avec
Great Lengths édité sur son propre label
3024, le Batave relève haut la main un double défi : celui de lancer le tout premier LP de son label et de marquer les tablettes du dubstep avec un disque audacieux.
La discographie de ce rejeton de la bass music est loin d’être pléthorique cependant elle a ça d’intéressant, c'est qu'elle reflète l’alternative musicale prise par d’anciens DJs et producteurs de drum’n bass qui se sont tournés vers le dubstep - à l’image d’un
Breakage - lorsque celui-ci sortait tout juste des pochettes de dubplates. Ivresse adolescente d’une esthétique en pleine définition, terrain poreux et fertile favorable à tout type d’expérimentation, etc. En tout cas, après quelques maxis sur l’exigeant label
Revolve:r du mancunien
Marcus Intalex,
Martyn a décidé de baisser le pitch de ses productions. Moins de bpm, plus d’espace de création.
L’amour de la basse reste le même, lui. Massive sans pour autant chercher à faire de notre tête une grosse chambre d’écho, elle accompagne plus qu’elle domine. Si elle prend les devants comme sur
Little Things,
Vancouver ou
These Words, c’est plus pour faire ressortir sa puissance évocatrice. Pas d’ambiance lugubre rappelant les bas fonds du South London,
Martyn cherche au contraire à prendre des risques et à apporter de la lumière dans son dubstep. Il suffit d’écouter l’intense montée finale de
Krdl-t-Grv ou bien l’envolée deep techno à mi-course de la piste sur
Seventy Four pour s’en rendre compte. Pas assez ? Le dub stepper bien gras du bide de
Little Things aux gimmicks de minimal house ou le trip hop de
These Words (petit bijou) finiront de convaincre.
En marge de ces courants d’air esthétiques, le Hollandais nous place aussi des compositions purement dubstep bien huilées comme
Elden St ou
Far Away. Headbanging assuré.
Même si la fin de l’album se laisse un peu porter et développe un propos moins percutant, on sort de l’écoute de
Great Lengths comme on reviendrait d’une ballade en haute montagne : oxygéné. On sent que
Martyn peut emmener le dubstep plus loin, un peu comme à une autre époque
3D de
Massive Attack avait pris les reines du trip hop. C’est tout le mal qu’on lui souhaite.
Chroniqué par
Damien
le 16/10/2009