Ce qui marque le plus chez le producteur allemand
Ekkehard Ehlers, c'est cette capacité à jongler avec les concepts sans faire trop de cirque. D'hommages à des figures tutélaires de l'indépendance artistique comme
Albert Ayler ou
John Cassavetes avec sa série
Plays en passant par la réappropriation de l'histoire du blues sur
A Life Without Fear, on a pu constater toute la difficulté qu'il y avait à suivre ce personnage. Et, avec cette nouvelle sortie,
Ballads signé chez
Staubgold, le plaisir sous-jacent à pouvoir le recroiser.
De retour au laptop, aux côtés du batteur
Paul Wirkus, il donne une fois encore dans le brainstorming sonore. Moments de cogitations prolifiques où idées géniales et chausse trappes référentielles se croisent et s'entrechoquent allègrement.
C'est en évitant délibérément les structures en boucles, tout en s'appuyant sur quelques trouvailles électroniques issues de précédentes productions (
Plays John Cassavetes dont on retrouve les atmosphères ambient ici), mais aussi la clarinette de
Kai Fagaschinski (croisé chez
The Magic I.D.) et la contrebasse d'
Achim Tang et
Werner Dafeldecker (entendu chez les
Autistic Daughters) que le duo de compositeurs atteint des sommets (
Bryza, terrifiant d'efficacité évocatrice).
Des hauteurs, certes moins conceptuelles et révolutionnaires que, par exemple, les travaux d'
Ehlers et
Stephan Mathieu (
Heroin, 2001) avaient pu l'être, mais tout aussi envoûtantes (
Skronie, impro ombrageuse et intrusive).
En mettant ainsi de côté ses machines, toutes proportions gardées bien sûr,
Ekkehard laisse l'espace suffisant à
Wilkus et les siens pour s'épanouir, dans ce qu'eux-même appelle du "presque" jazz. Rendant ainsi leur musique fondamentalement plus légère, aérienne, ils la font, pour le dire vite, plus accessible. Ce qui au final n'est pas si mal.
Chroniqué par
Yvan
le 03/09/2009