Faisant preuve d'une arrogance palpable dans beaucoup de ses interviews,
Ellen Allien n'est certes pas la première venue en matière de musique électronique. DJ reconnue, patronne émérite du génial label berlinois
BPitch Control, elle est également une productrice de talent. C'est sous cette dernière casquette qu'elle nous revient aujourd'hui avec
Sool. L'occasion pour nous de vérifier si cette arrogance est toujours justifiée ou non.
On le sait, la jolie brunette possède un goût immodéré pour les ambiances dark.
Sool ne déroge pas à la règle, ses compos baignant toutes dans une atmosphère sous-terraine et sombre. Mais paradoxalement, une étrange chaleur irradie également certains de ses morceaux (
Sprung, MM) et donne à l'ensemble une moiteur dérangeante.
Si la plupart des titres sont portés par des rythmiques rachitiques, les textures qui les habillent sont d'une richesse remarquable. Outre les climats orageux évoqués précédemment, on découvre aussi une multitude de bleeps discrets et fuyants (
Ondu, Elphine, Its...) qui s'entrechoquent dans un joli ballet aérien, évoquant le vol de lucioles énamourées au fin fond d'une grotte.
Sool revêt donc un caractère onirique évident, comme le suggère d'ailleurs parfaitement sa jolie pochette.
Pour rajouter encore un peu de charme, l'Allemande truffe ses morceaux de bribes de voix délicates, comme sur le presque pop
Frieda ou le plus expérimental
Bim. Mention spéciale et personnelle pour le cosmique et caverneux
Its ainsi que pour le subaquatique
Caress. Sans oublier le blâfard
Zauber, dont la clarinette rappelle le duo
Dictaphone.
Toutes les qualités de l'Allien sont réunies pour cet album qui en surprendra plus d'un. Entre capacité à produire une électronique bien à elle et s'approprier avec facilité quiconque l'écoute, elle met en place un son bicéphale, noir à l'extrême d'un côté, confortable et chaleureux de l'autre. Là est tout son secret qui lui vaut bien son arrogance présumée.
Chroniqué par
Fabien
le 05/05/2008