Nouvelles inspirations rythmiques et nouvelles connexions électroniques définissent assez bien le dernier opus de
Scott Monteith. Sa production précédente,
New World Observer, remise dans son contexte, avait présagé une évolution notable de l'artiste, délaissant peu à peu ses relents d'électronica minimaliste dubby pour une musique plus rythmique, mais néanmoins toujours aussi chargée en infrabasses.
Même constat pour
Journeyman's Annual, où seule l'exellente introduction – accompagnée du violon de
Sophie Trudeau (ex-
Godspeed You! Black Emperor) -
Lost luggage et
Melbourne round midnight répandent un dub atmosphérique rappellant les premiers soupirs de
Deadbeat. S'en suit un changement de rythme et de beat. Plus massif, plus axé sur les dancefloors des mangeurs d'infrabasses,
Journeyman's Annual dégage des relents half-step ou dubstep (
Turbolence) dans la lignée d'une production
Hyperdub où les atmosphères sombres et cinématiques prédominent sur les basses tectoniques. Mais
Deadbeat apporte sa fameuse patte organique, donnant à chaque morceau une âme, une ambiance souvent étouffée et complexée par des textures soignées. L'expérimentation ne s'arrête pas là : des riddims (
Refund me,
Deep in country) clones du ragga-digital de
The Bug accentuent une nouvelle fois la rythmique globale stoppée net par un essai dancehall absolument fameux
Gimme a Little Slack. Toasté par
Jah Cutta, le riddim, loin des clichés du genre, est décliné dans une version dubby aérienne. La conclusion est tirée par le titre
Black Stacey mixé par Deadbeat pour
Saul Williams en 2005, version qui correspond tout à fait au poetry du monsieur.
Cette vision des musiques jamaïquaines dans leurs déclinaisons les plus électroniques laissent entrevoir un avenir intéressant pour le talentueux Scott Monteith. Les chemins qui s'ouvrent à sa musique sont nombreux et notre curiosité d'auditeur va devoir attendre un bon moment avant de voir paraître le nouveau visage de
Deadbeat. Pour le moment, il est préférable de digérer cette bonne production qui sera certainement considérée comme un album transitoire.
Chroniqué par
Kiteklat
le 29/08/2007