Los Angeles, 1954. Eric Dolphy, 26 ans, habite encore chez ses parents. Dans le jardin, on a aménagé pour lui un petit studio de répétition. Rare, ce genre d’endroit, dans la région ; si bien que les jazzmen de passage n’auront d’autre solution que d’investir la maison familiale. Et Dolphy de côtoyer, à domicile, John Coltrane, Ornette Coleman, ou Max Roach.
Document dont l’intérêt relativise le son plutôt médiocre, Together donne ainsi à entendre le trompettiste Clifford Brown – menant alors un quartette aux côtés de Roach – et Eric Dolphy – saxophoniste, flûtiste et clarinettiste, passant sur la West Coast d’une formation à l’autre (Gerald Wilson, Buddy Collette) en attendant que lui vienne l’idée, en 1959 seulement, de rejoindre New York.
Sur l’accompagnement net de la contrebasse et du piano, Brown et Dolphy engagent donc un dialogue évidemment bop. Seule exception faite à la règle, la longueur des titres, permise par la répétition, qui incite les musiciens à développer : dextérité et brillance de Brown, poursuivi par un Dolphy surentraîné, sur des thèmes signés Miles Davis, Charlie Parker ou Gershwin.
Privilégiant trompette et piano, l’enregistrement éclaire davantage les premiers pas de Dolphy – sur les quatre premiers titres, surtout, et l’intervention timide d’Old Folks - qu’il ne vient combler un manque dans la discographie de Brown. Son plus grand atout étant, d’ailleurs, de révéler l’atmosphère d’un jour d’été passé, à Los Angeles en 1954, entre musiciens d’exception.
Chroniqué par
Grisli
le 11/06/2007