Rares sont les groupes à maîtriser l’art délicat de nommer un album. Midaircondo en fait partie. Cette formation suédoise, entièrement féminine, a intelligemment intitulé son premier disque Shopping For Images.
Sorte de déploiement progressif d’un paysage sonore tout en images, cet album est aussi bien une succession de onze titres qu’une belle narration en onze temps, ou encore une fresque scandinave en onze tableaux.
Scandinave, Midaircondo ne l’est pas par sa seule nationalité. Le qualificatif serait trop facile. Ce trio, composé de Lisa Nordström, Lisen Rylander et Malin Dahlstrom propose une musique définitivement septentrionale. Les douces nappes électroniques, distillées tout le long et parcourues de subtiles partitions instrumentales, sont aussi celles des Danois d’Under Byen ou d’Efterklang, et l’on peut entendre, en tendant bien l’oreille, des accents des Islandais de Múm. Ce son du Nord, celui qui a appris à mélanger sans dénaturer, à mixer sans abîmer, et qui nous apporte cette indispensable bouffée d’air frais, est précieux.
Novateur, intelligent, intéressant et ne tombant jamais dans la facilité. Pour rester simple, on dira que c’est un magnifique opus. Cette production est tour-à-tour et tout-à-la-fois électronique, acoustique, jazzy, lo-fi, expérimentale, organique, cinématographique, mais ne s’écarte jamais de son art poétique. À la croisée des genres, au confluent des styles, le trio suédois innove.
Midaircondo, c’est aussi un nom étrange. Des voix qui restent aux bords du murmure et qui savent se faire spectres. Ici, une contrebasse rythmant d’étranges sonorités (Could You Please Stop). Là, un saxophone se faisant discret face à une ligne vocale répétitive (Sorry), ou encore quelques lignes de piano, aussi diffuses qu’éparses. C’est aussi et surtout une chanson, Serenade, ce concert que l’on donnait jadis sous les fenêtres de quelqu’un. Et un album. Shopping for Images, c’est son nom. Un passeport pour voyager, pour aller voir ce qui se passe là-bas, un peu plus haut.
On pourrait en dire plus, mais de peur d’en dire trop, on s’arrêtera là. Reste à l’écouter donc, et surtout, à le réécouter. Oui, déjà.
Chroniqué par
Igor
le 04/12/2006