Formé il y a dix ans, le
Spinto Band tient son nom de Roy Spinto, grand-père du guitariste Nick Krill. Ce groupe d'outre-atlantique a déjà sept albums autoproduits à son actif, bien que ses six membres n’ont tous qu’entre 19 et 24 ans. Reste alors à vérifier si ce court opus de 35 minutes est à la hauteur de son titre provocateur.
Les onze titres de l’album oscillent entre un rock énergique et des mélodies pop plus douces et rétro. Ainsi, le groupe emprunte la voie déjà tracée par
Franz Ferdinand (
Crack the Wip),
Blur,
Block Party (
So Kind,
Stacey), ou encore les
Strokes avec qui semble avoir été co-écrit
Moutains. À l’inverse,
Direct to Helmet et le titre caché
Japan is an Island, écrit en cours de géographie par Nick Krill et Thomas Hughes, rentrent dans la directe filiation de la britpop des
Beatles, en particulier par les chœurs qui soupirent. Ils constituent une sorte de parodie de la chanson mélo typique de l’ado boutonneux mal à l’aise avec le sexe opposé.
Au-delà de cette ligne de partage entre pop et rock, c’est dans les trois premiers titres de l’album, en particulier dans
Oh Mandy, tube incontestable, que se trouve le véritable cachet du
Spinto Band. Que ce soit par ses chœurs, la rythmique de batterie de Jeff Hobson, les cinq notes du synthétiseur de Sam Hugues ou son refrain accrocheur,
Oh Mandy parvient par la plus efficace et jolie des manières à nous communiquer l’enthousiasme de ces jeunes garçons en phase terminale d’adolescence. Tout le charme de ce jeune groupe réside dans l’aptitude de ses membres à tourner en dérision leur propre attitude de gosses mal dans leurs baskets et préférant se réfugier dans la musique plutôt que d’aborder des filles.
Il est dommage que la dynamique de ceux qui nous permettaient d’envisager avec joie une journée de pluies diluviennes en plein mois d’août ou une succession de râteaux auprès d’éventuelles conquêtes, soit brisée par deux morceaux successifs. Crispants, galvaudés et pauvres jusque dans les titres,
Trust vs Mistrust et
Spy vs Spy sont composés de trois accords de guitare et deux de batterie, ce qui aurait pu être une réussite, comme en sont capables les
White Stripes, mais ne fonctionne pas ici.
Malgré ces ratés, le titre de l’album se justifie. Compte tenu de leur jeune âge, ces six américains sont talentueux et ne manquent pas d’assurance. Incontestablement
nice,
almost nicely done, le
Spinto Band est un groupe dont on attend la suite (
Give me a chance /
I promiss I’ll come back honey).
Chroniqué par
Strangeflower
le 12/09/2006