En début d’année, on découvrait en France
Grizzly Bear grâce au label Asphalt Duchess, petite structure parisienne au flair sûr, pour la sortie de l’album
Horn Of Plenty, agrémenté d’un cd de remixes opulent : les remixeurs conviés, non des moindres (
Alpha, Soft Pink Truth, Effterklang, entre autres..), donnaient déjà la puce à l’oreille quant à la cote grandissante du groupe américain. Il y a quelques semaines, l’annonce de leur signature chez Warp nous en donnait la confirmation, nous convaincant au passage un peu plus des velléités d’ouverture du label historiquement voué aux musiques électroniques. Enfin, sur scène au Point Ephémère, il y a quelques semaines, pour leur première date parisienne et française de la tournée,
Grizzly Bear nous prouvait avec éclat que Warp avait misé sur le bon cheval.
Conséquence logique de cette belle montée en puissance, la présence des Américains à la rentrée musicale de septembre via Warp , pour un nouvel album intitulé
Yellow House, qui fut enregistré à l'été 2005, dans le salon de la mère d’Edward Droste à Cap Cod, dans... une maison jaune.
C’est désormais à quatre que
Grizzly Bear donne corps à ses rêves musicaux. (Daniel et Chris Taylor qui ont rejoint Ed et Christopher font désormais partie intégrante du processus de composition). Dès l’ouverture, on est sensible à une envergure sonore nouvelle, que confirme la suite de l’album. A l’aspect bricolé et lo-fi du disque précédent, succède une production plus riche et ample :
Grizzly Bear développe un espace sonore vaste et dense, au sein duquel la féérie électrique de leur folk/pop mâtiné d’envolées vocales a tout le loisir de se déployer. Les structures des morceaux sont plus compactes, moins lâches, les arrangements plus fournis et le groupe accentue sur ce nouveau disque une dimension pop qui demeurait plus diffuse sur
Horn Of Plenty. Celui-ci développait alors encore timidement la puissance harmonique et vocale du groupe. Sur
Yellow House, voix enchanteresses, chœurs en cascades, psalmodies entêtantes, sont nimbés d’une myriade de sons cristallins (banjo, xylohpone, flûtes …) qui tissent des atmosphères riches conviant batterie, piano, violon, guitare acoustique et électrique. Le tout enrichi discrètement de quelques sons électroniques (beaucoup plus fondus que sur
Horn of plenty).
Ainsi, rétrospectivement, le premier album peut apparaître comme une esquisse prometteuse, un dessin aux contours encore flous.
Yellow House précise le trait, apporte la couleur, et offre à l’auditeur un disque complexe, minutieusement conçu, dont chaque écoute révèle un peu plus la richesse.
Chroniqué par
Imogen
le 03/09/2006