Saxophoniste recherché (ayant enregistré aux côtés des
Supremes,
Ray Charles ou
Stevie Wonder),
Edward Kidd Jordan a toujours su trouver un peu de temps pour se frotter aux révélateurs d’une avant-garde exigeante (
Ornette Coleman,
Cecil Taylor,
Ed Blackwell). A
Hamid Drake et
Williame Parker, en 2005.
Partant, toujours, pour aller voir ailleurs que sur sa contrebasse,
Parker use d’abord de gongs sur
Forever, où
Jordan dépose un blues las pour mieux sceller la rencontre fortuite de
‘Round Midnight et du
Neroli de
Brian Eno. Percussionniste,
Parker usera ailleurs de djembés et calebasses, sur
Last of The Chicken Wings, free acharné engagé par le jeu sur tabla de
Drake.
Ardeur déjà présente en introduction de
Living Peace, qui prendra les allures d’un bop apaisant, et sur lequel
Jordan fait preuve d’une humilité élégante, avide d’entendre ce que ses partenaires composent avant d’improviser selon. Attachés plus tard à aller voir du côté de l’Afrique –
Parker par trois fois au gumbri -, les musiciens tissent des progressions instrumentales envoûtantes, montées sur patterns précieux, que fleurissent parfois par les phrases incantatoires prononcées par
Drake (
Unity Call).
Fantasmant la révolte ou aptes à accueillir l’accalmie,
Jordan,
Parker et
Drake, font de leur rencontre un moment d’exception. Servant le jazz comme la musique d’un univers intérieur qu'ils auraient en commun, composant avec la nostalgie d’un monde perdu sans renoncer à mettre la main sur des embellies du genre de
Palm of Soul.
Chroniqué par
Grisli
le 20/06/2006