Il ne faut pas chercher très longtemps pour découvrir de quelles influences s'est nourri l'univers musical de
The Earlies. Rien n'a été fait ici pour les dissimuler. Au contraire, elles sont brandies fièrement, comme un étendard éclatant et, à défaut de sauter aux yeux, elles éblouissent les oreilles dès les premières secondes de
These Were the Earlies. On ne peut que songer immédiatement aux pop songs dorées de
Mercury Rev, le chant de Brandon Carr se rapprochant indéniablement de celui de Jonathan Danahue. Ce même "néo-psychédélisme" qui irradie vos platines depuis le brillant
Deserter's Song et qui, même si le halo s'est terni progressivement dans des productions postérieures, conserve sa nitescence originelle.
Dès leur premier album, sorte de compilation de leurs premiers singles autoproduits et de leurs maxis sortis sur le label Names,
The Earlies voit grand. L'instrumentation est riche et fastueuse, se donnant par moments des airs d'orchestre symphonique lorsqu'elle réunit violons, cors, flûtes et hautbois. Le quatuor lui laisse de larges espaces pour se déployer, s'étendre, exprimer tous ses possibles. Cette ampleur n'a d'égale que la complexité des compositions, qui, habillées d'électronique – quand elles ne sont pas entièrement façonnées par les machines (
Slow Man's Dream) –, fourmillent de détails, de samples, de notes esseulées mais jamais perdues, de mille instants qui se recouvrent (
One of Us Is Dead,
Wayward Song,
25 Easy Pieces).
Malgré l'imposant travail de la machinerie,
These Were the Earlies ne reste pas rivé au sol très longtemps. Allant crescendo, les morceaux n'attendent que le renfort de claviers cosmiques et de choeurs aériens en boucle pour décoller et planer (
Morning Wonder). Au coeur de l'album, ces réitérations hypnotiques hésitent entre le rock progressif et le krautrock, entre le
Pink Floyd du début des années soixante-dix et le
Kraftwerk de la fin de la décennie. Une chose est sûre la musique de
The Earlies prend racine dans les seventies. Rien d'étonnant alors d'entendre aux travers de ces arrangements l'onirisme en apesanteur de
Spiritualized ou l'électronique pop et cool de
Air (
Lows).
Il serait vain de cacher son enthousiasme et stupide de bouder son plaisir.
These Were the Earlies impressionne par la puissance qui se dégage de cette musique et par l'excellence avec laquelle ses auteurs manipulent des références archibalisées sans tomber dans le plagiat. On attend la suite.
Chroniqué par
dfghfgh
le 12/05/2006