Août 2004. Quelques mois après son tout premier maxi, 
Nathan Fake sort 
The Sky Was Pink. Superbe morceau à la lenteur calculée, d'un lyrisme à couper le souffle, porté par des plaintes de synthés déchirantes. Brillamment remixé par 
James Holden, ce bijou devient un énorme hit et secoue tout le microcosme électronique, propulsant le tout jeune label 
Border Community parmi les rangs des labels qui comptent et faisant de 
Nathan Fake un nom à suivre. C'est donc peu dire que de décrire l'album paru ces derniers temps comme un des disques les plus attendus du moment.
Oubliez tout de suite 
Outhouse, oubliez 
Dinamo, et le remix ravageur pour le 
Issst de 
Tiefschwarz, 
Fake creuse ici un sillon nettement moins dance. Il préfère vagabonder sur les terres défrichées par son 
Sky Was Pink, modèle et sommet indépassable de l'album. S'éloignant des canons en vigueur, 
Fake s'est ainsi trouvé un son, une patte, mélodies cotonneuses sur murs de bruit blanc, comme un singulier mélange d'electronica mid-90's tendance 
µ-Ziq / 
Boards Of Canada et de montées saturées d'inspiration post-rock. Plus de hits drogués, mais de la musique triste euphorisante, des petites douceurs à écouter (très) fort.
L'ensemble dégage un certain charme. On sent un réel talent dans la manière d'occuper l'espace sonore ou de jouer avec la dissonance. Mention spéciale à ce 
Grandfather sur le fil dont l’explosion sonore, à deux doigts de sonner faux, touche particulièrement. 
Superpositions, le morceau le plus uptempo, avec sa cavalcade de synthés et ses charleys hyper appuyés, et 
You Are Here, pour ses belles textures, se révèlent également appréciables.
Mais tout de même… L'étincelle 
The Sky Was Pink peine à se reproduire. En dehors de cet intouchable morceau, on s'ennuie parfois gentiment, entre longueurs, interludes sans intérêt et montées téléphonées. Pire, certains choix de sonorités se révèlent malheureux et viennent gâcher des morceaux, comme l'ouverture 
Stops, tout simplement indigne de figurer au catalogue de 
Border Community. Manque d'ambition de l'auteur ou attentes excessives de la part de l'auditeur, cet album, sans être réellement mauvais, déçoit.
On pouvait attendre mieux, et on exigera d’avantage pour la prochaine livraison. Dans l'immédiat, pour étancher notre soif et noyer notre chagrin, on pourra se rabattre sur le maxi de remixes. Une semi-réussite - il est un peu inégal - qui contient tout de même 2 belles relectures par 
Apparat et 
Fairmont, qui apportent un peu d'audace à des morceaux originaux trop sages.
	
	
		Chroniqué par 
		Pek		
		le 28/04/2006