Un an après la sortie du cinquième album de
Clem Snide, qui proclamait en titre la « mort de l’amour », son leader caustique et désenchanté affiche à nouveau la couleur dans le titre de son premier opus solo, intitué
Bitter Honey. Si la nouvelle d’un projet en solitaire de
Eef Barzelay ne suscita pas chez nous, il faut bien l’avouer, d’excitation particulière, cet album s’avère être à l’écoute une belle surprise.
A l’heure où de nombreux projets de pop-folk extravertie voire extravagante, gonflée au psychédélisme, fourmillent avec plus ou moins de réussite,
Eef Barzelay propose lui une musique acoustique sinon chiche, en tout cas dépourvue d’arrangements débridés et luxuriants. Armé de sa seule guitare, et de sa voix surtout, qui emplit les enceintes d’un chant hérissé d’émotions, il nous offre à goûter le nectar doux-amer de son écriture si fine et acérée. Le point fort de Barzelay réside bien dans ces textes qu’il fait vivre de cette voix franche, qui murmure ou enfle, au diapason de la guitare. Capable d’une vision de la réalité qu’il enveloppe d’une ironie perçante, ainsi ce premier titre décalé, qui sonne comme une ballade mélancolique ( "
That was my ass you saw bouncing / Next to Ludacris / It was only on screen for a second / But it’s kinda hard to miss"),
Eef Barzelay ne recule pas devant les douceurs mélodiques d’une complainte amoureuse nostalgique sur
NMA ("
Because nothing means anything, nothing means anything, nothing means anything, anymore" chante t-il en guise de refrain).
A peine plus d’une demi-heure, dix morceaux défilent, trouvant le chemin mélodique le plus évident jusqu’à nos oreilles. A peine plus d’une demi-heure pour nous rendre ce disque particulièrement attachant. On espère qu’il ouvre une belle série d’escapades musicales en solitaire.
Chroniqué par
Imogen
le 19/03/2006