Novembre 2003 :
Jérôme Jeanmart, alias
Jeranium, concepteur de bidules sonores en tout genre, torture la population locale à l'aide de Gyrophones, espèces de machines bruyantes sans fils, qu'il actionne manuellement dans l'espoir d'en produire une musique mécanique (plus oldschool encore que l'analogique, mais moins que l'hydro-thermique au charbon de bois). C'est une révélation pour
Orange Zèbre, qui n'aura à partir de là plus qu'une idée en tête : devenir savant fou, conquérir le monde, et voler le chapeau à bretelles de Géo Trouvetou.
Il se lancera donc d'arrache-pied dans un projet rocambolesque : fabriquer toutes sortes de machines à partir de matériaux récupérés de la décharge municipale, et torturer les gens à son tour en ricanant sous une cape. Fort d'une conjoncture favorable, il profitera du fait que les tirettes de chasse d'eau – victimes de la dictature du bouton poussoir double fonction –viennent se sacrifier en masse sur le monticule puant, pour les recycler en leviers de fortune. Et c'est en les combinant aux roues de brouette qu'il avait en double, et à toute une panoplie de petits chmiques chmuques au caractère indéfini, qu'
Orange Zèbre se découvrit un talent pour la musique mécanique dont il ne soupçonnait même pas l'existence. Il apprend les airs de
Chopin sur une machine à écrire, ceux d'
Eric Clapton avec des câbles de freins de vélo, et reproduit les solos de
Bernard Minet en tapant à l'aide de baguettes chinoises des verres remplis de jus de nems à différents niveaux. Mais malheureusement, peu de mortels, ni même lui, ne sont capables de reconnaître ces airs. C'est là où réside son génie !
On retrouve donc sur
Mekaniki Kakimenani une façon de concevoir la musique qui reprend l'idée d'imprécision du mouvement mécanique impulsé par l'être humain. Les rythmes ne sont plus réglés au bip pouet d'un métronome mais soumis à l'irrégularité des contractions ferrailleuses d'un 6-PO déglingué, actionnant des leviers avec la souplesse d'un vieux Playmobil.
Tout ce joli petit bidouillage donne au final un rendu que l'on pourrait rapprocher de quelques travaux de
Matthew Herbert, lequel aurait été frappé de sérieux troubles d'arythmie. Mais aussi mécanique soit il, le son d'
Orange Zèbre sait faire preuve d'une certaine légèreté et d'une sensibilité mélodique, tel un bûcheron-en-fer-blanc se découvrant un coeur
sans l'aide du magicien d'Oz.
Alors, amis du bricolage sonore, cet album vous attend en téléchargement gratuit sur
Bedroom Research ! Et pour les plus Mc Gyver d'entre vous, vous pourrez toujours vous procurer la version CD avec 3 titres supplémentaires, où vous découvrirez aussi le talent d'
Orange Zèbre pour imiter Fanzy et remixer son album en happy days reverse.
Chroniqué par
Tehanor
le 11/02/2006