Troisième album de
Nathan Michel,
The Beast voit son créateur réinvestir le domaine acoustique pour rendre autrement une pop délurée, dont la fantaisie ne cache pas longtemps l’esprit tourmenté de ses origines.
Briguant un statut de songwritter qu’il semblait négliger jusque là,
Michel donne ici dans la ritournelle extravagante, à qui il destine plusieurs sortes d’arrangements déroutants : bidouillages électroniques (
Planet), rythmiques découpées à la hache (
Dust), répétitions piquantes (
Erhasel) ou dissonances accentuées (
Status Dive).
Parti à la recherche de la pop song parfaite, il évoque quelques figures exigeantes du genre : sa voix rappelant celle de
Robert Wyatt (
Status Dive, Dust), ses desseins ceux de
Beck (
Ram), de
Jim O’Rourke (
Cricket) ou des
Beach Boys (
A to B).
Plus maladroit, ailleurs, il cède au mièvre sur
The Beast et
Simple Animal ou au décalage usurpateur d’un presque générique de dessin animé avec
Suds. Faute d’avoir, par trois fois, poussé la fanfaronnade ludique jusqu’au maniérisme ultra léger d’une pop japonisante. Erreur qui ne pourra rien contre la distinction accordée à
The Beast, ouvrage récréatif et réfléchi, garni à foison et profond sous la fourrure.
Chroniqué par
Grisli
le 06/02/2006