Nous avions laissé
Porcelain, il y trois ans, avec un premier album tout à fait réussi,
I've Got a Really Important Thing to Do Right Now But I Can't Do It Cause I'm Asleep. Depuis la composition du groupe a légèrement changé, Sébastien Verhulst ayant remplacé Jérémie Prod'homme à la batterie, mais l'essentiel, le son de
Porcelain, subsiste. C'est avec plaisir que nous retrouvons le quartet normand à l'occasion de
Me and My Famous Lover, son second album, et cinquième sortie du précieux label parisien
Drunk Dog.
Terriblement sombre,
Me and My Famous Lover semble figé dans le temps, pris dans un passé persistant. Une mélancolie noire se dégage de morceaux tels que
Adelaide où les notes de clavier n'en finissent pas de durer, où les voix, véritables éléments rythmiques, se répètent à l'infini, où les instrumentations et les samples tournent en boucle comme un vinyle en fin de course. Le son filtré, vieilli, légèrement daté évoque par moments (
Fifteen Minute Glory) le
Pink Floyd cosmique de l'intemporel – intemporel puisque cosmique –
Meddle.
Porcelain joue un rock profond, atmosphérique, où les instruments prennent le pas sur le chant, où le chant se fait instrument comme les autres. Le rapprochement avec
Sigur Rós s'impose alors de lui-même. En outre, les deux groupes partagent ce sens de la dramaturgie, de la mise en tension de leur musique, de l'alternance des montées ardentes en intensité (
Encore,
Good Morning Rock Star) et des descentes planantes (
Elegy,
My Shame), et cet attrait pour les mélodies fragiles, toutes en délicatesse (
Found).
Me and My Famous Lover est une preuve supplémentaire de la vivacité d'une scène française qui a su s'inscrire dans un genre tout en y injectant sa propre sensibilité, sans en reproduire fidèlement toutes les figures imposées. On aime
Porcelain.
Chroniqué par
dfghfgh
le 18/01/2006