L’improvisation permet souvent de résoudre le dilemme des références à ménager. Naturellement, leur diversité s’engouffre dans un discours brut, qui tire bientôt parti des contrastes et des combinaisons heureuses. Celles - en ce qui concerne le trio italien
Switters - d’un jazz ouvert, d’un rock énergique et d’une soul chaleureuse.
Hommage aux postures instituées par
John Zorn ou
John Lurie,
The Anabaptist Loop impose avec nonchalance la défense d’une musique guidée par les envies : swings chancelant ou décalé (
Theory Of Conspiracy,
Cary Grant), drum’n’bass allégée (
Domino,
Q), rock acharné (
Theory Of Conspiracy II) ou virant au free (
New Middle Age Walking), folklore réincarné (
Switters).
Ici ou là, quelques expérimentations :
Gianni Gebbia jaugeant les capacités et limites de son saxophone (
Langley) ; le bassiste
Vincenzo Vasi se soumettant à des prescriptions de bain de bouche à la manière de
Phil Minton (
Confession) ;
Francesco Cusa menant une pièce bruitiste et répétitive qui sacrifie à l’énergie ses bonnes résolutions de ne pas céder à la violence (
Santa Inquisizione).
Car la première force de
Switters est sa fougue. Repérable partout, adroitement canalisée (
Salvatore Pagano) ou laissant échapper une ou deux fautes de goût (
Carafa), menant le trio jusqu’à des fulgurances imparables (
Serov). Jusqu’à présenter, au final, un brouillon charmant et inextricable de permissions stylistiques flamboyantes.
Chroniqué par
Grisli
le 28/11/2005