Il y a un an et des brouettes, le premier album des inconnus bientôt illustres
Franz Ferdinand atterrissait dans ma boîte aux lettres. J’avais pu me faire une première opinion (bonne) de la musique des Ecossais sur la foi d’un premier single (
Take me out, devenu le hit que l’on sait), bientôt confirmée sur la durée d’un album impeccable. Pourtant, scepticisme quant à un possible succès : Franz Ferdinand, quel nom à coucher dehors quand même ! invendable !
Le raisonnement est bien sûr fallacieux: un bon nom ne garantit pas le succès (ça se saurait) et a contrario, un mauvais nom ne condamne pas la réussite (au hasard, les imbuvables
The Killers). D’ailleurs, un an après la sortie de l’album de FF, je dois bien admettre que je me suis trompée. Le succès est là, écrasant, et ce nouvel opus ne risque pas d’en signer l’arrêt : pour preuve, il s’est placé directement numéro un des ventes dans les charts britanniques.
You could have it so much better, “vous auriez pu avoir beaucoup mieux” : formule provocante que peuvent se permettre ceux qui détiennent dans un endroit bien gardé , sans doute en Ecosse, dans un manoir hanté (par les démons de la Pop), la recette de la potion magique qui fait danser les filles, et l’appliquent sans scrupule : plusieurs poignées de guitares incisives, une marmite de refrains ravageurs à reprendre en chœur, une grosse louche de ruptures de rythmes imparables, une cuiller à soupe de chant masculin suave.. la suite de la formule est top secrète : je ne pourrai malheureusement vous comnuniquer la teneur du précieux ingrédient qui fait que cette mixture a comme effet secondaire immédiat ce drôle de phénomène qu’on appelle succès.
Pour ce deuxième album, la potion n’a pas beaucoup varié : tubes à gogo dès l’ouverture, mais un ingrédient nouveau, une pincée sans doute (cela ne concerne que deux titres), qui donne une saveur particulière au breuvage : un goût de pop qui se fait longue en bouche.
Eleanor Put your Boots on et
Fade Together,(et dans une moindre mesure, Walk away), belles ballades sur lesquelles FF dévoile une facette mélodique plus intime et délicate (incursion remarquée du piano) : et c’est aux Beatles (pas moins!) que FF fait du pied, avec brio.
Quelque part dans un manoir hanté perdu dans la brume d’une campagne écossaise, Laurence Bell patron de Domino, dort tranquille. Caché sous l’oreiller, un grimoire qui détient la formule de la potion qui fait toujours danser les filles. Mais pas seulement.
Chroniqué par
Imogen
le 15/10/2005