Avec ce
Rotten Cocktails de
Boy Robot,
City Centre Offices livre un album qui s'écarte assez de la ligne directrice courante du label, davantage portée vers les paysages digitaux à la limite de l'ambient, et cet écart bienvenu sera gage, très certainement, d'un élargissement de l'audience du label parmi les amateurs de musique électronique, au risque d'y perdre un peu de sa personnalité. Ici donc, passées les premières mesures d'un clavecin électro-mutant, déboulent quelques rythmiques fragmentées et syncopées, beats technoïdes jusqu'ici chasse gardée de
Bpitch Control. En témoigne
Invaders of Vanity Clubland, dont le titre ironique ne prête pas moins allégeance à un esprit club minimal, avec ses rythmiques binaires, ses textures abrasives et répétitives, ses sons pitchés.
Disons le tout de suite, il n'y aura pas de surprise majeure sur cet album, sûrement trop influencé par l'esprit du label berlinois sus-cité, jusque dans ses exercices les plus minimaux comme
Bass & Booze, réduit à sa basse, sa boîte à rythme et quelques notes de synthèse semées ça et là. Le sentiment désagréable d'avoir affaire à des
petits frères de... gêne encore trop l'écoute pour s'abandonner complètement aux charmes tout de même présents de ce pas-mauvais-disque-mais-pas-encore-tout-à-fait-bon de techno minimale. Petits frères de
Modeselektor sur un titre comme
Sweet Honeybee of Infinity, rejeton du techno-funk de
Sascha Funke sur
We Accept All Our Parents Credit Cards, les références, certes assimilées, encombrent encore trop, sont trop présentes, et font obstacle à un rapport direct et singulier qu'on désire pourtant entretenir avec ce disque. D'où un sentiment ambigu, l'envie de se laisser séduire par ces beats chaloupés et syncopés mélée d'une impression de déjà entendu, d'être en terrain bien connu, petite déception de ne pas éprouver de réelle surprise.
Cette absence de surprise ne fait pourtant pas obstacle à une certaine efficacité, dans la construction du tout comme dans la brièveté relative de celui-ci et de chacune de ses parties, et la manière dont elles dialoguent les unes avec les autres : après une première moitié ouvertement dansante, l'album ménage un interlude réflexif avec
Bass & Booze avant de distiller la mélancolie de
Live in Vanilla, pour reprendre ensuite sur une note plus funky, plus soul, plus techno
from Detroit meets Berlin avec
Super Scorer, intégralement répétitif, morceau purement dansant. Et pourtant, au bout de ce parcours, la diversité ne parvient pas réellement à éclore, l'envie de danser s'amenuise. Pas mauvais, mais il se pourrait bien qu'il y ait quelque chose de pourri dans ce cocktail...
Chroniqué par
Mathias
le 16/09/2005