C’est l’électronique qui est l’auteur de ce disque. C’est l’électronique qui l’augmente de sa dimension digitale, perturbant, dérangeant les arrangements, initiant ou conduisant, donnant des directions. L’électronique est l’auteur de ce disque. Cela peut s’entendre. Cela peut s’entendre aussi au sens où c’est d’elle que sont tirées les structures des morceaux, qui se développent souvent par boucles successives (
A-pic,
Blu, par exemple), constructions dépourvues de centre et qui ont pour sens, pour loi, on vous le dit, la vitesse de leur enchaînement.
C’est ainsi moins une unité harmonique qui se manifeste qu’une unité rythmique : dans les trois parties de
B#side une même pulsation est à l’œuvre, pulsation que rendent sensible une basse, des voix ou encore une guitare, légère, discrète comme par nécessité, celle de se faire oublier pour mieux rappeler ce qui n’est pas elle-même. Et, c’est sur cette pulsation que peuvent se greffer un solo de trompette (
part 2) ou une harmonie de guitares (
part 3), chacune faisant de ces parties d’un même tout tout autre chose qu’une simple (ré-)exposition de son principe.
Law speed est donc tout sauf un disque de musique mixte qui aurait vu se rencontrer, naïvement, acoustique et électronique. Lorsque l’électronique disparaît, elle semble encore imposer sa répétitivité superficielle, métaphore du disque qui tourne sur lui-même à une certaine vitesse pour produire du son (
Sunflowers). On notera encore que certaines percussions (cloche) y marquent durablement et obstinément tous les temps. Obsession du temps, du rythme, obsession de le marquer, de l’asséner qui résonne jusque dans son absence (
Treep).
Si avec ce disque,
Permanent Fatal Error ne fera certainement pas oublier
Ulan Bator à ses amateurs, c’est sans doute parce que des voies différentes y sont explorées. Des voies intenses et fascinantes.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 13/09/2005