Les plombiers polonais n'ont pas le monopole des sujets de conversation sur la politique européenne. Il y a ceux qui officient dans l'underground en bricolant des musiques électroniques avec deux joints de culasse. Et question tuyauterie,
Co peut s'enorgueillir d'avoir obtenu en quelques coups de tournevis plus de tubes qu'
Emilie Simon n'a su en pondre dans sa salle de bain.
Mais qu'y a t-il donc au fond du lavabo, si ce n'est un morceau de gruyère et une trace de dentifrice séchée ? C'est gris, c'est tout glauque, mais on peut entendre un résidu de hip hop croupir sans savoir que faire pour l'en déloger.
Ca tombe bien pour notre ami
Co car le calcaire, c'est son affaire. Il vous détartre ce vieux bout de rythme pour en sortir une boucle old school qu'il frappe d'une basse vrombissante. Il déverse sans pitié un flot de triturations métalliques. Le robinet pète les plombs. Crépitements, saturations, et distortions se déversent alors dans une synergie électrique, synthèse d'expérimentations corrosives qui conférent à
!Comoc! cette marque si particulière.
Vous êtes plongé dans un breakbeat diluvien. On joue avec l'inertie de votre esprit, tentant à la fois de l'arracher à la gravité terrestre tout en l'assénant d'un beat - oh combien jouissif - qui le cloue au sol sans ménagement. Vous sentez de petites impulsions nerveuses contracter les muscles de votre cou qui se met à balancer d'avant en arrière, pendant que votre corps tout entier se retrouve immergé d'une nappe d'impressions audio-tactiles.
Rien n'est complexe. Tout est cohérent et efficace. Aucun superflu pour venir alourdir les compositions : chaque élément trouve légitimement sa place en participant à ce manège sensitif, une espèce d'alchimie entre glitchs cristallins, beats percutants, et plages sonores éthérées.
Et si les polonais sont des poètes nés (100 000 personnes qui la pratiquent et deux prix Nobel quand même), vous vous rendrez vite compte que leur poésie n'a parfois plus grand chose à voir aux beaux alexandrins que vous déclamiez la bouche en coeur pour la fête des mères. Celle de
Co vous entraînera sûrement dans les recoins les plus angoissés de votre imagination.
Chroniqué par
Tehanor
le 16/08/2005