Une effrayante pochette, un effrayant album et un non-moins effrayant groupe. Ingrédients de cet album ? Une frénésie et un amour du glauque joyeusement enchevêtrés dans une mélancolie épaisse. Résultat ? Un folk tourmenté, un rock mouvant, soit 12 titres variés dont on se délecte bruyamment.
Il se tient presque miraculeusement, dans la diversité des sons et des instruments, une cohérence solide.
Mugison créee une musique pleine d’émotions et d’images. Seule une poignée de groupes parviennent à faire surgir tant de poésie et de mélancolie désinvolte dans un désordre de mélodies et de sons turbulents, le tout créé dans le minimalisme du matériel et l’abondance sonore. Parfois désarticulé, malgré tout assuré, le folk effréné de
Mugison est d’une authenticité animale,
The chicken song est tout simplement somptueux. Des paroles poignantes incrustées au rasoir dans des mélodies fugaces.
« Je prendrai un
Nick Drake bien saignant, non… un
Bonnie Prince Billie haché, Non Non … donnez moi un
Mugison ! » La folie pure de l’islande mystérieuse, musicalement effrontée, froide et innovante. Quelques chants tendres au bel accent islandais, des guitares à en chialer, le tout s’harmonisant inévitablement avec des samples quasiment tout droit sortis du
Lipostudio des
Matmos. Parfois glauques, voire obscènes, ce spectacle est des plus plaisants. Les titres foutraques sont ceux dont on se réjouit le plus, le pop folk d’un titre comme
2 birds présente moins d’intérêt et ce malgré sa beauté certaine. C’est dans l’exploration et l’exploitation sonore que
Mugison excelle.
Plus débridé que son premier opus
Lonely Mountain, moins ankylosé aussi,
Mugimama is the monkey music bénéficie d’une plus grande liberté sonore, allant jusqu’au délire plutôt étrange de
Swing ding, « Rock and Roooolll » . Variant plus librement de registres : affectueuses balades à deux voix (
What I would say at your funeral), rock à contenance masochiste (
Sad as a truck), pop névrosée (
I want you)... de quoi satisfaire les plus difficiles.
Chroniqué par
Peke
le 09/08/2005