Baignant individuellement dans des sphères musicales aux frontières insaisissables, le trompettiste
Jeff Kaiser et le clarinettiste
Andrew Pask décidèrent récemment d’affronter ensemble leurs hésitations stylistiques touchant au jazz, à la musique expérimentale bruitiste, et aux postures improvisées.
Débarrassés des complexes, on oppose aux évolutions des instruments à vent l’intervention de programmations électroniques, sobres ou à saturations. Moins de musique que de laboratoire, les instruments testent la résistance de leurs propres matériaux, jugeant de l’épaisseur des souffles (
Wheeling Rebus) ou de la réaction des tubes (
Dim Effigies).
Plus loin,
Kaiser va chercher à connaître les intentions d’un
Pask jonglant avec des saxophones ténor et soprano, une clarinette et une clarinette basse. Les phrases se croisent, se heurtent ou s’entendent, toujours portées par les flux. De fines expériences de traitements sonores (
Blue Air Habit) laissent leur place à des duels efficaces à devenir instants de grâce (
Tumbling Abstention). Là, on élabore des discours pseudo mélodiques, en n’oubliant pas de s’éloigner encore, s’il est possible, du commun ressassé.
Si les décision électroniques - loin d’être inédites et parfois même ronflantes (
The Variability Of Stammering Arrows) - peuvent altérer les propos de
Jeff Kaiser et
Andrew Pask, ils s’en sortent sans véritable peine grâce à un savoir-faire indéniable gonflé de fougue dévastatrice. Au final,
The Choir Boys est un alliage précieux et un album envoûtant.
Chroniqué par
Grisli
le 06/04/2005