Des mois sans chroniquer un disque, et on se dit... ah ce foutu vélo c'est bien plus facile de s'y remettre ! D'autant que la musique d'
Aether n'est pas si simple à approcher, encore moins à assimiler, mais il est tellement naturel d'en apprécier sa saveur. Perchés entre ses airs léthargiques et sa matière précieuse, les arrangements de ce disque rappellent fortement ce projet inqualifiable et vite abandonné par Arnaud Rebotini nommé
Zend Avesta. Une folk parfois dure, souvent douce, parsemée d'arrangements électroniques délicats, saupoudrée de classique, le tout agrémenté de voix atypiques - voilà un bon début pour une recette musicale savoureuse.
Mélodies ennivrantes, rythmes chaotiques, spoken words et chants langoureux, petits clicks et gros cuts, tant de façons d'approcher
Se perdre : contre et aucun chemin n'en ressort. Il réside dans la musique d'
Aether une liberté. Liberté ! En voilà un terme qu'il est vague... Libre de sortir d'un rythme apaisé pour s'emballer et partir en freestyle jazzy et finir en chaos de cuivres (
Turn). Libre d'écrire un morceau post-rock sombre comme une république Américaine, chanté à la façon d'un Thom Yorke sous éther (
Sept nuances de blancs). Libre d'enchaîner par un morceau franco-anglais de chant, "trip-hopisant" musicalement, délicat et majestueux comme un
Come From Heaven d'
Alpha (
Silence). Libre surtout de faire un album plein, un album complexe - tant dans ses structures que dans ses choix instrumentaux - et de le finir par la plus épurée des folks lo-fi (
Sunshine).
Aether a parfaitement digéré la fin du trip-hop et n'en a conservé qu'une part légère pour la dissoudre dans son post-rock propre à lui. Cet album se veut réécoutable et son goût n'en devient que meilleur. Une belle découverte - qui plus est Française - que nous ne pouvons qu'encourager et applaudir allégrement.