Big Dada, l’usine à OVNI du rap (
Infinite Livez,
TTC,
Diplo,
cLOUDDEAD,
Roots Manuva...) poursuit son chemin de défricheur d’un hip-hop prompt à exploser les frontières, s’entichant de ce que l’underground et ses affiliés ont pu faire de plus novateur, frais et efficace au cours de ces dernières années.
Signé sur la branche hip-hop de
Ninja Tune pour l’Europe (sur
Mush pour les Etats-Unis), l’ancien membre de
Project Blowed (aux côtés d’
Aceyalone et d’
Abstract Rude) n’en est pas là à son coup d’essai. Auteur de plusieurs albums solo ou en collaboration (
Memoirs of an Elephant Man et
This Machine Kills Facists en 2001, le très remarqué
Temporary Fever en 2002 suivi de près par le projet
The Weather aux côtés de
Radioinactive et de
Daedelus puis
Cosmic Cleavage en 2004), accompagnant
TTC et
Radioinactive lors d’une longue tournée en 2004,
Busdriver est ce type de MC ultra prolifique, habile à poser ses rimes et autres punchlines sur n’importe quelle instru, au débit mitraillette et au flow très "bubble", dévoilant toute l’ampleur de son talent sur scène grâce à un remarquable sens de l’improvisation.
Avec ce style imparable et reconnaissable entre mille, notre chauffeur de bus préféré dégaine ainsi une nouvelle fois, armé comme toujours d’un solide sens de l’humour et accompagné cette fois d’une bardée de producteurs de renom (
Daedelus,
Danger Mouse,
Omid,
Thavius Beck et
Paris Zax) et avec quelques featurings tout aussi prestigieux (
Project Blowed, Abstract Rude, 2 Mex, Mikah-9 et
Ellay Khule). Profondément dérangeant pour les aficionados de hip-hop classique mais véritable pain béni pour les curieux adeptes de cross-overs musicaux, d’expérimentations délirantes et de sang neuf dans un style trop souvent sclérosé, ce nouvel opus achèvera de conforter les partisans des deux camps dans leurs positions respectives. Il s’agit pourtant peut-être ici de son album le plus abouti : diversité et richesse des productions (beat hip-hop sombre, incursion pop, minimalisme électro, digression world...), large éventail des qualités de MCing (ajustant son flow sur un schéma plus chanté que rappé avant d’aligner une monstrueuse déferlante de lyrics), le tout mixé avec une indéniable maîtrise et reflétant une réelle homogénéité, autant d’atout tirant cet album vers les bonnes surprises de ce début d’année.
Alors, si les dernières sorties
Lex vous ont plus ou moins laissées sur votre faim, si le dernier
Shapeshifters ne vous satisfait pas entièrement et si vous vous êtes régalés au son des élucubrations musicales de ses compagnons de labels, ce
Fear of a Black Tangent (référence ouverte au mythique
Fear of a Black Planet de
Public Enemy) est fait pour vous...
Chroniqué par
Oropher
le 16/02/2005