Avril 2003. Au Batofar ce soir-là, l’atmosphère électrique est presque palpable. Pendant plus de deux heures, le public communie littéralement avec un quartet explosif dont urgence et liberté semblent les mots d’ordre. A cet instant,
Laurent De Wilde ne sait pas encore qu’il vient de signer l’acte de naissance de son nouveau projet.
Enregistré et mixé l’hiver suivant,
Organics est un troisième album "electro" au fil du rasoir. La formation, resserrée pour l’occasion, gagne en effet en dynamique et en souplesse. Le complice de longue date
Gaël Horellou (sax alto et machine) montre à nouveau combien son jeu est subtil et son soutien précieux. La rythmique – sans failles – est quant à elle incarnée par
Philippe Bussonnet (ancien
Magma) et le diabolique batteur
Yoann Sera.
Ici l’électronique se fait plus présente, à l’image des samples bruitistes et des ponctuations vocales qui viennent enrichir et densifier le discours. Nourri aux rythmes et aux pulsations quasi hypnotiques,
Organics entraîne l’auditeur dans les méandres de la drum ‘n’ bass mutante (
Spintronix et
Versus 14), du dub aérien (
10 B) et de la jungle pour le moins funky (
Mr Naturel,
The Prisoner,
No straight).
Le quartet alterne ainsi avec justesse les climats et les couleurs et se joue d’abstractions sonores comme celles d’un rêve dont on est prisonnier. Jusqu’à cette ballade finale, relecture amoureuse et sans fautes de goût de
Summertime dont De Wilde a le secret !
Au fil de ses productions,
Laurent De Wilde se plaît à brouiller les pistes et s’abandonner à la douceur de l’inconnu, comme pour mieux creuser le sillon des musiques improvisées de demain.
Chroniqué par
Possum Jenkins
le 18/11/2004