Il y a des œuvres qui semblent vous dépasser. Le dernier album de
Supersilent,
6, en est un parfait exemple. Nous pardonnons sans peine à ceux qui n’entendent dans les improvisations et les expérimentations du quatuor norvégien qu’une suite décousue de sons disharmonieux.
Quand il joue seul, la musique de
Arve Henriksen est autre. Ainsi son deuxième opus est-il au point d’équilibre entre exigence et évidence musicale, tantôt penchant légèrement vers l’une, tantôt légèrement vers l’autre. Aucune pierre d’achoppement dans
Chiaroscuro : chaque moellon de l’édifice parait ajusté avec une précision de maître. Pourtant à l’instar des albums de
Food et de
Supersilent, l’improvisation est un matériau essentiel. D’abord enregistrés dans des situations de concert, les morceaux de
Chiaroscuro ont ensuite été travaillés et mixés en studio par Jan Bang et Erik Honoré.
Le résultat est à la hauteur de nos espérances :
Chiaroscuro est – lâchons le mot – sublime.
Arve Henriksen à la trompette et à l’électronique, Audun Kleive à la batterie et aux multiples percussions et Jan Bang au sampler ont donné naissance à une œuvre remarquable, à la croisée des effets électroniques les plus modernes et des musiques folkloriques les plus traditionnelles. Le trompettiste norvégien s’est en effet beaucoup inspiré des musiques, des chants et des sonorités asiatiques, qu’elles soient japonaises, balinaises ou encore mongols.
Entre ombre et lumière,
Chiaroscuro poursuit en l’appro-fondissant, en lui donnant plus de teneur, l’œuvre commencée trois ans plus tôt avec
Sakuteiki. Impossible de rester insensible à la poésie et aux atmosphères enchanteresses qui sourdrent de cet album. Douce et charmeuse, la musique de
Arve Henriksen, empreinte de cinéma, peint des paysages extraordinaires, lieux de mille rêveries fabuleuses.
Plénitude et émerveillement.
Chroniqué par
dfghfgh
le 01/11/2004