Pour le titre de son cinquième album, Richard a choisi d'utiliser son patronyme. Existe-t-il une relation entre la démarche d'exposer son nom propre et l'impression d'avoir atteint une certaine maturité ?
A l'écoute de la maîtrise développée sur ce disque, on est réellement tenté de le croire. Définitivement classiques, les dix morceaux sont autant de pièces ciselées comme un mètre-étalon pour l'électronica. D'entrée,
4 annonce la donne, entre beats "drill" et poésie des bleeps, le tout sublimé par des cordes discrètes, qui offrent un certain lyrisme à l'ensemble.
Les expérimentations rythmiques sur des sons concrets le dispute ensuite à des échos apaisés (
Peek 824542,01), et ces compositions mélodiques se vont le vecteur d'une cetaine sensibilité, avec des atmosphères propices aux réveries les plus délicates. L'apreté des sons sur lesquels se base
Corn Mouth évoque un paysage bucolique en proie à la tempête, mais le spectacle sonore touche plus qu'il ne choque, et l'agitation ressentie n'est pas de la violence.
To Cure a Weakling Child mèle avec bonheur la naïveté de samples vocaux se répondant dans une alchimie magique, et des clicks poussés radicalement vers les extrêmes...
Dans le prolongement de cette idée de contrastes, à la plage 7,
Goon Gumpas est un moment d'apaisement, débarassé de rythme. Le talent de Richard y marque la différence entre miévrerie et une irresistible joliesse mélodique.
Enfin,
Logon-Rock Witch assume une parfaite conclusion. Entre orgues et bruits d'objets désarticulés, il nous suggère l'image qui correspond à cet album, celle d'une boîte à musique, jouet d'enfant, mais dans une version furieusement contemporaine, voire avant-gardiste, à laquelle on vouerait éternellemnt un attachement sentimental.
Chroniqué par
Guillaume
le 10/04/2004