On pourrait croire que tous les albums d’ambient se ressemblent et que tous les titres de tous les albums de tous les groupes d’ambient se ressemblent. Alors lorsqu’on tombe sur
Le mensonge, on tombe aussi sous le charme. Voilà de l’ambient quatre étoiles. Une ambiance à chaque morceaux : douze morceaux. Il y a moyen de partir à la dérive sensorielle pour moins que ça. L’ensemble se révèle sombre, mais pas dark. Plutôt mystérieux, inquiètant.
Raz anesthésie tout en douceur. Atmosphère feutré et médical. Collision parfaite entre la profondeur d’une boucle toute simple et d’une cohorte de cliquetis électriques rappelant que tout n’est pas si linéaire.
Sebkra joue plus sur le dérangeant. A moins d’adorer les stridulations perçantes de plusieurs fréquences sur-aigues dans la même oreille et le vacarme ponctuel, ce passage sans délicatesse vous tirera sans préavis hors de la léthargie que peux provoquer
Raz lors des premières écoutes. Plus sombre et glauque,
Derrière la nuit disperse lentement ses lourdes vagues sulfureuses à l’horizon, entaillées de drones plaintifs ou granuleux, tandis que
Hiatus et
Hourvari penchent du côté de l’experimentation pure, basée sur un mélange psychédelique de collages, bruits en tous genres, click'n'cut et oppositions de tonalités. Sombre et dérangeant également
La vie est belle. Hormis cet homme chantant
La vie est belle pendant quelques secondes, le reste n’est que folie méchanique, soubresauts aliénant et instinct binaire. Enfin,
Plaisirs et moississures donne une dernière dose de déviance sonore, quasiment indéfinissable, à mi-chemin entre le chaos organisé et la bestialité sans conscience. Pourtant tout semble si calme et plein de retenu. Les sons ne sont jamais agressifs, plutôt déviés vers une voie qui les rend méconnaissables (ou au contraire, familiers), créant ainsi ce climat tendu et inhumain, teinté de volonté, tout simplement délectable.
De la très bonne musique made in
Ant-Zen, qui s’adresse à tous ceux qui apprécient les variations atmosphériques ou qui croient seulement que rien ne ressemble plus à un skeud d’ambient, qu’un autre skeud d’ambient.
Chroniqué par
Yragael
le 01/10/2003