Ceux qui furent séduits par l’électro-pop synthétique des précédents travaux de
Dopplereffekt risquent d’être surpris à l’écoute de
Linear Accelerator. Car le moins que l’on puisse dire, c’est que l’album est déroutant.
Le morceau éponyme de
Gesamkunstwerk clôturant l’album précédent pourrait faire office d’introduction, de part son côté expérimental, mais ce n’est rien comparé au trois premières pistes, d’une longueur presque indécente, de ce nouvel opus.
Succession de sons déformés et hypnotiques, dépourvus de rythmique, assemblage infernal d’une noirceur quasi-cauchemardesque, à l’écoute de
Photo Injector on pense à une machine organique où les sonorités cloisonnées s’étendent sur une plage de plus de 20 minutes, pour atteindre leur paroxysme sur
Niobium Resonators et
Graviton, véritable déluge, froid et torturé, d’une électronique bruitiste et grinçante.
L’écoute successive des ces trois plages, fortement déconseillée sous effets psychotropes, s’apparente à la traversée d’un tunnel obscur, et, pour peu qu’on puisse supporter un tel assemblage sonore, l’expérience est vraiment déroutante, pour ne pas dire éprouvante.
Les deux derniers morceaux apportent un peu de lumière, mélodiques, on retrouve ce son si "kraftwerkien" déjà présent sur
Gesamkunstwerk, des nappes synthétiques s’étirent sur des rythmiques hachées, contrastant avec l’ambiance glauque des pistes précédentes. Ca soulagerait presque, c’est dire...
Finalement, que penser de cette galette de laborantins, peu soucieux de caresser les oreilles. On pourra apprécier la démarche, suggestive, intimiste et plutôt osée, il faut le dire, prouvant, si besoin est que la musique de
Dopplereffekt se moque avec insolence des clichés usuels et frappe là où on ne l’attendait pas.
On ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour James Stinson, pilier du duo
Drexciya, activiste respecté et intègre, décédé le 3 septembre 2002 à 32 ans de complications cardiaques. L’écoute douloureuse de cet album en devient presque formelle...
Chroniqué par
WakMc
le 28/08/2003
http://fp.nightfall.fr/
par Saskatchewan (le 31/08/2008)
J'étais déjà un grand fan de Gesamtkunstwerk, qui mêlait sonorités Techno de Détroit et vieux relents Kraftwerkiens, mais je dois dire qu'avec Linear Accelerator, Dopplereffekt s'est surpassé. L'album est sombre, addictif, répétitif, mais sans être monotone. Peut-être leur meilleur, et encore, Calabi Yau-Space possède aussi quelques arguments en sa faveur.