Deux ans après le séminal Frigid Stars de 1990, le trio de slowcore américain Codeine retourne en studio pour accoucher de sa suite, sauf que pour le chanteur bassiste Stephen Immerwahr rien ne va, à commencer par des bruits étranges qu'il est le seul à entendre pendant l'enregistrement.. Les huit morceaux de Dessau seront alors jetés aux oubliettes et six d'entre eux trouveront par la suite une place sur les deux disques suivants dans de nouvelles versions relativement similaires : Jr et Realize sur l'EP Barely Real (1993); Sea, Tom, Wird et Smoking Room sur The White Birch (1994).
Si nous connaissions donc les trois quarts de Dessau, l'émotion de la découverte de cet album gardé dans les tiroirs reste toutefois grande tant la cohérence et la puissance de celui-ci impressionne encore aujourd'hui et ne semble pas avoir subit les affres du temps. Il faut dire que la musique lente, dépressive et parfois complexe – au sens "slintien" du terme – de Codeine est tellement à part qu'elle ne paraît jamais datée, même trente ans plus tard. Après les coffrets sur Duster et Bedhead, on ne remerciera jamais assez le label Numero Group de continuer à rééditer voire déterrer tous ces groupes américains essentiels des années 90 assimilés de près ou de loin au courant slowcore. Et avec Dessau, on tient assurément l'un des authentiques chefs d'œuvre du genre.