Une soirée assez alléchante au Café de la Danse,
Matt Elliott, les Américains de
Dark Dark Dark auréolés du succès de leur dernier album
Wild go, et
Hidden Words, le nouveau projet d’Alden Penner, l’ex-leader de feu
Clues.
Passons sur la prestation de
Hidden Words, qui nous fait vraiment regretter la tragique disparition de
Clues : un, parce ce groupe disposait d'un potentiel et d'un énergie scénique vraiment prometteuse, et deux, parce que la nouvelle mouture que nous propose l’ex-leader de
Clues n’est pas encore en place.
Place à
Matt Elliott. Première confrontation avec l'Anglais. Et première claque. Certes, on avait déjà écouté le monsieur, on a aimé son dernier album, son projet
Third Eye Foundation, mais assister à un concert de
Matt Eliott, est une expérience assez inédite. D'abord parce que l'homme en impose. Une grande tige, installée sur une petite chaise. Un mec seul face au public. Un peu de matériel : un sampler (RC50 pour les amateurs), un petit pédalier Boss ME 70 pour les effets et deux trois bricoles pour la suite des festivités. Le reste de l'installation, c'est de la magie. De la magie, des boucles, une guitare classique, un mélodica, une voix et des tripes. Un concert de
Matt Elliott c'est recevoir, recevoir et recevoir. Une simplicité dans l'interprétation et une âme mise à nue sans fards, sans concessions. Un concert touchant, profond intense, humain, intime... Le public du Café de la Danse boit ses parole, scrute la moindre boucle et la moindre inflexion avec recueillement. Une grande messe devant un salle comble, près de 300 personnes au sourire béat, captivées par le personnage de
Matt Elliott. Un homme qui donne tout, qui s'excuse de la concision de sa prestation, car la programmation de la soirée étant assez chargée avec trois plateaux, les groupes n’ont pas beaucoup de temps pour s’exprimer pleinement. Qu'importe la durée de la prestation (45 min),
Matt Elliott propose un univers onirique, mystique et habité, entre folk, musique du monde et classique. Une bande-son habitée qui ne cesse de nous poursuivre jusqu'à la fin de la soirée. Un travail qui rappelle l’œuvre d’un
Yann Tiersen avec lequel cette grande tige a collaboré sur
Dust Lane, le dernier album du compositeur français.
Après une telle expérience, difficile d'enchaîner avec les Américains de
Dark Dark Dark. Certes on a aimé leur dernier album que nous recommandons chaudement, toutefois la formation est un peu trop timide, un peu trop en retrait. Qu'importe,
Dark Dark Dark joue devant un public entièrement acquis à sa cause et séduit par un répertoire attendu comme le messie. Il est difficile en effet de ne pas être sous le charme de la voix de sa chanteuse. Une signature vocale proche de celle de
Cat Power pour un brin de bonne femme qui ne paie pas de mine. Et pourtant chacune de ses interventions retient l'attention. A tel point qu'on est frappé par le déséquilibre que cela véhicule. Face à une chanteuse et pianiste ultra présente s'oppose l'absence des autres musiciens. Si l'accordéoniste et le bassiste assurent néanmoins le cahier des charges, la palme reviendra au batteur au look improbable (un barbu plus proche d'un Panoramix et d’un Assurancetourix que de la classe d'un
Josh T. Pearson) et d’un banjoïste/clarinettiste, improbables dans un exercice de figuration quasiment assumée. Bref, un concert propre avec une chanteuse vraiment captivante qui n'enlève pas le sentiment de déception. On aurait aimé un peu plus d'intensité et d'énergie. Qu’importe la soirée a néanmoins rempli son cahier des charges, avec comme grand vainqueur un
Matt Elliott au sommet de sa forme.