Sur
Singular Forms (Sometimes Repeated),
Sylvain Chauveau frôle l’exercice de style.
Il y a d’abord cette voix, la sienne, que l’on découvre un peu comme on entrerait dans un livre, à tâtons et fébrile. Il ne l’avait pas posé sur de la musique depuis
Down To The Bone, son album hommage à
Depeche Mode. C’était en 2005, au côté de l’
Ensemble Nocturne. Maintenant il s’agit pour lui de servir ses propres compositions. C’est une autre paire de manches. Aussi il a fallu deux ans au Français pour accoucher de cet opus ; de nombreux aller-retours également, entre la capitale, Montpellier, Chicago et Bruxelles, où il réside. C’est comme si d’une certaine manière, la création de ce disque, qui se situe un peu à part dans sa discographie, avait été un défi, le lieu de conflits créatifs et intérieurs.
Au bout du compte, il y a ces sept pop songs fantomatiques, d'où émane un goût prononcé pour l’errance. Délivrées seulement au piano, elles sont donc survolées par la voix de
Chauveau, une voix triste, contemplative et faussement distanciée. Un peu à la
David Sylvian. L’extrême minimalisme des mélodies, qui parfois ne tiennent qu’à quelques bricolages électroniques des plus subtils, finit de leur conférer leur aspect évanescent et éphémère. Comme les mandalas tibétains, on pense parfois qu'il suffirait d’un souffle d’air pour les voir s’évanouir en silence.
Je parlais au début d’« exercice de style ». Peut-être. Sur le papier en tout cas. Mais la musique sur ce
Singular Forms est tellement vibrante que je dois réfuter ma première sentence. Il s’agit bien d’un disque intimiste au sens le plus profond du terme, qui vit, fait son chemin lentement dans nos cœurs. Ce en conjuguant rigueur esthétique et lâcher prise émotionnel. Ce n’est décidément pas l’album de
Sylvain Chauveau que l’on attendait. C’est peut-être mieux encore.
A noter la participation discrète de
Pierre-Yves Macé et
Pierre Gérard, à l'électronique...