C'est surprenant, les choses artistiques. On pense en avoir fait le tour. On pense avoir faire le tour d'un groupe. On pense qu'on n'a plus grand-chose à en dire. Un disque surgit du passé. Pas si lointain dans le temps. Mais dans le passé du groupe, ça a l'air d'une éternité. On croit qu'il n'apprendra rien, mais on l'écoute quand même. On l'écoute. Et, dès son commencement, s'il ne remet pas tout en question, il interroge quand même.
Ce disque surgit de 2003, il éclate d'emblée. Il interroge aussi : 1. comment a-t-on pu passer tout ce temps sans l'écouter ? Mais 1. est contingent. C'est sa faute à soi. Pas à lui. Lui, depuis 2003, il a toujours été là et, depuis 2003, il sera toujours là. Il interroge : 2. comment peut-on toujours faire la même chose sans jamais faire la même chose ? Comment peut-on passer de ce post-rock sincère à cette forme de rock psychédélique qui se dépasse soi-même sans, en fait, jamais réellement cesser de faire la même chose ?
Entre
The burden of hope et
Doomsdayer's holiday, il y a un monde — il y a cinq ans au moins —, mais il y a une proximité aussi, une tension, une intention commune. La déconstruction de l'un est plus évidente que celle de l'autre (cette déconstruction sera parfaitement audible dans
Redlight qui appartient comme
The burden of hope à la période pré-psychédélique de
Grails), ses digressions sont moins bruyantes, plus polies, plus propres. Mais, il y a quelque chose qui résonne très libre et qui passe d'un disque à l'autre, et de ce disque à l'autre, du premier jusqu'au dernier en date. Disons, pour résumer : du violon à Satan.
Du violon à Satan, il n'y a qu'un pas. Même si le disque est loin d'être parfait (
Broken ballad en est un bon exemple, qui entraîne par pur plaisir, mais manque de poigne), c'est clair dès le début :
Burden of hope, mélodie articulée, lentement et avec distinction. Pas de changement de tempo, mais des variations d'intensité en mesure avec la percussion d'Emil Amos.Tout est là, en somme, le violon à place des larsens, et tout laisse présager ce meilleur qui ne manquera pas de venir.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 14/07/2009