Captation d’un concert donné en 1971 par le
Survival Unit de
Joe McPhee,
N.Y.N.Y. 1971 est l’enregistrement qui décida Werner Uehlinger à fonder
Hat Hut, label fêtant aujourd’hui ses 30 ans au son d’une réédition prenant les allures intactes d’un savant retour aux sources.
Auprès de
Clifford Thornton, son mentor,
McPhee passe du saxophone ténor à la trompette, conduisant d’abord un free hurlant à l’intensité portée par les coups de grosse caisse d’
Harold E. Smith (
Black Magic Man), pour déconstruire ensuite son
Nation Time. Moins vif que dans sa version originelle (publiée jadis par CJRecords, rééditée aujourd’hui par
Atavistic), le morceau profite de l’apport du piano de
Mike Kull pour afficher des intentions plus lascives, parmi lesquelles celle de
Thornton, déposant au cor un lyrisme charmeur.
Ainsi, un parallèle évident avec le quartette historique de
Coltrane court ici ou là : sur
Song For Lauren, progression distinguée que l’on bouscule parfois, ou
Harriet, rappelant tous deux
Alabama. Ailleurs, un free expiatoire prend le dessus, qu’il soit mené par les intersections sans nombre des instruments à vent (
Message from Denmark), ou par les répétitions lancinantes de
McPhee et
Thornton, les interventions compulsives de l’alto de
Byron Morris (
The Looking Glass I).
Les attaques virulentes toujours contrebalancées par quelques résolutions délicates,
N.Y.N.Y. 1971 s’impose aujourd’hui encore comme un enregistrement de premier ordre. Qui, un des premiers, aura porté au jour l’éclat déroutant des contrastes.
Chroniqué par
Grisli
le 07/04/2006