Quelques temps avant la disparition de
Steve Lacy,
Joe Giardullo a eu l’honneur de jouer avec celui qu’il considère comme un maître à penser. Sur
No Work Today, le multi instrumentiste rend trois fois hommage au disparu et à l’indéfectible: en s’emparant d’un soprano, il se colle à l’exercice de l’enregistrement en solo et interprète deux de ses compositions.
A la recherche des sources,
Giardullo ouvre avec l’Influence majeure, celle à qui
Lacy n’aura cessé de destiner sa reconnaissance :
Thelonious Monk, dont le
Work devient
No Work Today, au gré des improvisations maîtrisées de
Giardullo. Passant de l'évocation du maître à l'élève, le soprano interprète ensuite un
Prospectus à sa manière : un rien de swing en plus dans les refrains chantés jadis par
Irene Aebi, avant d’aller chercher dans l’espace creux des harmoniques.
Pratiquant avec emphase le langage de
Lacy,
Giardullo invoque ensuite des cadres, pour mieux passer outre :
Which Way atteste des limites sonores de l’instrument, avant que
Mr. Ioso’s Walk n’engage l’improvisation vers les notes en cascades d’un free introspectif. Envoûté par un blues aux référents dissous (
Sentiments), le saxophoniste suit sa route jusqu’au deuxième thème écrit,
Hurtles, dont il fait réminiscences les répétitions.
La trajectoire de l’ensemble, pas vraiment préhensible, est due au laisser-aller de l’improvisation, comme au vague à l’âme satisfait de trouver un peu de confort dans les intentions modales de
Giardullo. Neuf clichés pris après coup, assemblés sur l'irréprochable hommage qu'est
No Work Today.
Chroniqué par
Grisli
le 24/10/2005