Les albums sur lesquels se trouve un « tube » se divisent généralement en deux catégories. D’une part, celle où le « tube » écrase complètement le reste de l’album tant il lui est supérieur. D’autre part, celle où le « tube » est, au contraire, comme l’accomplissement de l’album dans la mesure où il semble émerger naturellement de l’ensemble.
Pillow, le premier album du groupe, appartient, c’est incontestable, à la seconde catégorie. Le « tube », c’est
Discotek, une synthèse parfaite de tous les éléments qui constituent l’album : des mélodies parfois captivantes et souvent entêtantes que porte une rythmique directe et efficace. Ainsi,
Discotek apparaît comme un condensé de
Pillow qui permet de pénétrer d’un coup dans leur monde et de commencer à saisir ce qui en fait la spécificité. Construit à partir d'une ligne de basse et d'un beat électro, le morceau atteint finalement à une forme de disco survoltée où l'acoustique, le delay et la saturation s'accordent pour produire un mélange rare de groove-rock terriblement efficace.
La musique de
Pillow ne saurait cependant se réduire à
Discotek. Pour caractériser en partie leur style, plutôt que de progression, il conviendrait sans doute de parler de conversion de l’atmosphère : les morceaux évoluent moins qu’ils ne se transforment pour laisser exploser une musique qui substitue à la mélodie le riff (comme sur
Corner Fire ou
Allah Deus).
Si la mélancolie domine des morceaux comme
Birth Dead ou
Little Slow, et une tendance plus « pop » des morceaux comme
Venezia ou
As You Want, par exemple,
Star Guitar, qui clôture l’album en rompant avec le format court des autres titres, tout en jouant sur les mêmes ressources, s’en distingue nettement. En effet, en se laissant plus de temps,
Pillow montre un autre visage : le visage d’un groupe qui, en multipliant les variations et les retours en arrière fait entendre, dans toute sa richesse, le talent qui est le sien.
Prometteur…
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 20/12/2004