Ellen Allien, Berlinoise revendiquée, DJette reconnue, meneuse de label (BPitch Control)... et productrice à part entière. Avec son second album, le justemment nommé
Berlinette, elle nous convie à apprécier les compositions que lui inspirent la capitale chère à son coeur.
Sans complexes,
Alles sehen accueille ainsi l'auditeur par quelques phrases allemandes élégamment dites par la demoiselle entre cliks, snares, basse binaire, bips et accords électroniques. Plus loin, elle s'assurera un message plus universel sur le proto-booty
Push :
Push, push, kick your ass, c'est on ne peut plus clair... Aidée du duo Smash TV, elle maltraite sa voix à force d'effets, triture les beats, dans un même mouvement qui couvre toute une gamme de déformations et de saturations.
Ellen allie ici un format accessible (voix, ou le format presque pop sur la superbe ballade "Wish", après quoi on espère ce qu'elle voudra...) à un sens plus expérimental. Ce qui explique que l'on trouve dans une même cohérence d'ensemble la chanson
Trashscapes sur fond de guitares, des grooves hachés qui évoquent à leur manière Ark ou Oizo (
I Need No Money To Be Rich), des pièces electronica de plus en plus abstraites à mesure que l'album se termine (
Abstract Pictures, teinté noisy,
Erdbeermund bleepé,
Secret), et des inspirations plus classiquement techno (le puissant
Bullet -Ellen Allien Flow Mix-).
Par ailleurs, l'album se fait particulièrement attachant sous l'influence d'ambiances planantes, d'échos rauques de guitares (
Augenblick, nuancé d'un break aérien) ou encore de mélodies trancey noyées de reverb (les nappes synthétiques du magnifique
Sehnsucht) .
La réunion des opposés devient donc un modus operandi quasi alchimique : quand rythmiques concrètes (tantôt cassées, grinçantes), groovesques et audacieuses rencontrent harmonies abstraites, mélodies mélancoliques et sensibilité féminine, ce sont la technicité et les émotions qui s'unissent, pour un travestissement des genres réussi... Avec pour garantie du succès de ce pari : le talent d'Ellen Allien.
Chroniqué par
Guillaume
le 15/11/2003