Le dub aérien et hypnotique de
Zenzile rencontre une fois de plus dans son dernier maxi
Jamika, artiste américaine connue lors d’une joute électronique improvisée à Brixton. Ce qui peut surprendre, c’est que dès le départ, l’absence de chanteur au sein de la formation avait été l’élément déclencheur de l’orientation dub de
Zenzile. Mais intuitivement, la base instrumentale de leurs premiers albums a laissé un peu de place à l’intervention d’artistes comme
Jamika. Sa participation dans deux titres uniquement peut décevoir toutefois certains de ses fans. Mais son apparition dans le titre
Ain’t Life Ironic nous replonge, nostalgiques, dans un son proche de
Love Child, issu du second maxi. La poétesse chante, parle et susurre une envoûtante litanie qu’elle pourrait souffler à notre l’oreille, et son grain de voix sublime avec justesse les rythmiques de bases.
L’alchimie s’opère également avec une nouveauté. La présence de
Cello, alias Vincent Segal, violoncelliste de
Bumcello et de
M. donne une dimension orientale et onirique à cet album. Succéder à
Sir Jean de
Meï Teï Sho n’était pas une mince affaire après le succès du dernier maxi. Mais considérons que le pari est remporté. L’allégresse des rythmes positifs, ponctués par les variations mélancoliques mais tellement sublimes du violoncelle, s’inscrivent dans une alternative de sons féminins/masculins. On se laisse facilement porter par les notes de l’instrument à cordes, s’évaporant comme un mirage musical. Subjectivement, le talent de
Cello nous transporte vers des contrées désertiques inconnues, une sorte de voyage spirituel pour un aller simple uniquement.
Et soudainement, la patte
Zenzile prend toute sa dimension avec l’intervention de percussions à la fois vives et fluides, lourdes et vaporeuses. On retrouve dans cet opus la ligne de basse simple mais efficace sur une rythmique épurée mais bien présente.
Zenzile quitte subtilement notre platine avec une reverb' de sons électro-acoustiques qui apportent une note expérimentale bien prometteuse.
Même si l’équilibre entre les deux artistes est savamment orchestré, la couleur musicale dominante reste celle de Vincent Segal, qui prouve de toute évidence que les sons dit classiques dopent les notes électroniques. Pas de mélancolie dans ce maxi, mais plutôt un plongeon dans un monde purement "zenzilesque". Les fans s’y retrouveront, c’est certain. La trilogie des maxis ne comble pas notre appétit et le quintet angevin
Zenzile mérite sans surprise le titre de meilleurs groupes de dub français.
Chroniqué par
Lilo
le 01/03/2004