Entre un smog atonal très contemporain et des accointances instrumentales quasi punk, Nursery s'est ouvert une belle via ferrata dans son ascension du Pic du Bruit. C'est clair qu'ils vont y faire leur trace. Chaotique, mais sincère.Décidée surtout.
On comprend rapidemennt les desseins de cette power-pop noisy et cabossée, sans amarres et percutante. On sent d'emblée cette volonté non induite de filer des beignes sans trop en prendre. A l'évidence, le trio nantais a l'intention de faire son trou au creux des musiques dures. Et ma foi, aux vues du rendu, c'est une bonne initiative.
En onze titres, ils tissent une trame sauvage et épidermique, torve plus qu'exubérante. On envisage d'ailleurs pour accompagner la prochaine écoute de ce disque, d'arrêter les alcools forts purs et de les couper à l'éther ou je ne sais quel comburant malsain, histoire d'être à la hauteur de l'état second que semble entretenir ces trois lascards. En substance, cette musique fracasse. Instantanément.
Pas question de lambiner en route, demain c'est trop loin ! Pas le temps de cultiver la mesure et le dialogue, les Nursery préfèrent l'affrontement sonique, et si au passage ils peuvent péter quelques bassins sur le dancefloor, ils ne vont pas se retenir. Cet esprit spontané, "Carpe Diem" et remonté, paraphe quelques héritages évidents (Wire et Pixies en tête) et autant de connivences soniques (Stuck In The Sound et leurs collègues des Von Pariahs par exemple).
Après un premier Lp , déjà saignant mais bien trop confidentiel, cet Eugenia va, on le souhaite de tout coeur, atomiser la gangue d'indifférence qui a empêché ce groupe de rayonner comme il se doit. Le label Kythibong, par son engagement et son intégrité, est logiquement le catalyseur qu'il leur fallait pour porter haut les résonnances de cette musique lunatique, bancale et bouillante.
Alors, oui, Nursery vient soigner le Rock d'ici et méfiez vous leurs pratiques sont intrusives ! Grand bien nous fasse !
Chroniqué par
Yvan
le 23/02/2020