L'album s'appelle Lieux-Dits. Un mot composé pour un disque fait à deux (trois même) têtes ; celles chercheuses de Hugues et Séverine (et Norscq, producteur orfèvre proche de longue date du duo). Un mot aux assonances mystérieuses, poétiques aussi, pour un Lp qui l'est tout autant.
Un disque qui, si on y retrouve la même façon de composer - base électro et samples puis rythmiques et basses - porte en lui une nouvelle force : celle de l'expérience (dix ans d'existence, plus de soixante-dix concerts) et des envies assumées.
Oui, ce quatrième opus s'appelle Lieux-Dits. Un mot au pluriel. Et la pluralité - des sensations, des structures sonores, des images mentales qui en émanent - est effectivement un élément central de cet album. On se retrouve parfois au coeur d'un blizzard féroce qui ronge les os, parfois dans la chaleur étouffante d'un volcan en éruption, parfois encore, allongé sur un tapis de feuilles perdu dans les bois.
La production est une fois encore d'une éblouissante précision, bousculant les pleins et les déliés d'un post-rock aux tendances indus à travers les nappes d'une IDM cosmique. Le tout appuyé d'une puissance sonique indomptée, moins cadrée et géométrique qu'il n'y parait, un brin bravache, drôlement sauvage, qu'on sent immanquablement faite pour le live. A ça ajoutez les textes de Black Sifichi, poète beat envoutant distillant avec parcimonie un spoken word rageur autant qu'acrobate, et vous aurez les composantes hallucinantes d'une vraie réussite.
Celle d'un disque fait pour traverser la vie - ce sacré "lieu-dit" - celle qui se tord en tous sens, celle où choisir une direction se fait au gré du vent, celle aux atmosphères changeantes, capable de passer de l'orage aux brûlures du soleil en un battement de cils.
Un disque girouette, un disque boussole pour une saine désorientation des sens ! Magistral !
Chroniqué par
Yvan
le 27/02/2015