Quatre an après le remarqué Lost Lost Lost, Jean-Sebastien Nouveau est de retour avec le deuxième album des Marquises. Mais sur La pensée magique, c'est reconverti en gourou de la secte haoukas qu'il préside, non plus à une pop expérimentale, mais aux émois surréalistes entre la musique rituelle Africaine et le krautrock. Dès la première pièce, clin d'oeil au somptueux moyen métrage de Jean Rouch Les maîtres fous, des polyrythmies tribales soulèvent des incantations tandis que des larsens et le sifflement de trompettes en transe appellent un synthétiseur scintillant - véritable progrmame inaugural d'un disque où la follie affleure constamment.
Aux guitares, claviers, violons, gamelans, cuivres et percussions de toutes sortes, les invités sont légions et disent le parti pris résolument nomade et post-moderniste de ce second opus. Une oeuvre où les fantasmes d'une Afrique rêvée de pistes en pistes affluent comme les rencontres littéraires (Michel Leiris, le surréalisme), cinématographiques (Jean Rouch donc) ainsi que musicales: de l'arkestra de Sun Ra tout entier tourné vers une Afrique universelle parce qu'interstellaire, aux hybrides Liars et Gang Gang Dance, monstres primitivistes américains.
À ce niveau de métissage, ce sont toutes ces présences, plus que les influences d'une musique trop bouillonnante pour se laisser disséquer, que l'on retiendra. Que se soit sur l'irisée Cassette (Hands of Fire), trituration de samples d'où sort une étrange procession d'enfants battant tambours, ou Night Falls on the Dale où des guitares poussent des cris de brousse sur des percussions de bric et de brac et enfin Chasing The Hunter, qui a gardé de la saillie précédente des Marquises, à l'instar du titre Comme nous brûlons, la semence de danses fulminantes au crépuscule de la folie, pour s'abimer finalement dans un Jennie's Magic Cast amniotique, retour quasi littéral aux ambiances de Lost Lost Lost.