Sur Reloaded, son deuxième album paru l’an dernier, il avait surpris son monde en radicalisant son univers, avec un parti pris esthétique basé sur des samples très filtrés et des drums étouffés. Une réussite sur laquelle il laissait une petite place à quelques producteurs extérieurs comme Alchemist, Q Tip et The Arch Druids. Cette fois, c’est à de nombreux rappeurs qu’il offre — avec politesse — la possibilité de surfer sur son succès.
Ainsi, ce nouvel album prend des allures de compilations en ne proposant aucun titre solo du rappeur de Long Island… un mauvais choix. Tout d’abord de par sa virtuosité reconnue dans l’exercice, puis par la faiblesse de ses invités. Des vieillissants en reconquête d’une légitimité perdue (Cormega, AG, Evidence), des insignifiants (Blu, Boldy James), un Action Bronson en perte de vitesse, un Freeway qui semble peu à sa place, sans oublier le duo Gangrene (Alchemist et Oh No) qui reste plus intéressant derrière un MPC que derrière un micro... Seul le glacial Ka (auteur cette année d’un très recommandable et parfaitement de saison The Night’s Gambit) sort du marasme — un rappeur d’un profil similaire et avec qui Marci devrait partager l’affiche pour un futur album commun.
Le travail de production — toujours ancré dans la soul — est en revanche exclusivement son oeuvre. Et là encore à quelques exceptions prêt (Squeeze, Drugs Lord….), il laisse à désirer. Pas mauvais, plutôt banal et moins soigné qu’à l’accoutumé. Roc Marciano aurait bien pu à lui seul les sublimer, il émerge d’ailleurs sans peine face à cette armada de mics cassés. Pas suffisamment pour sauver l’album de la noyade.
Peut-être s’agit-il ici du premier écueil dans la discographie de Marci. On peine à trouver un intérêt à cette sortie qui ressemble à du parrainage et lui préférera de loin sa mixtape du mois dernier (The Pimpire Strikes Back). Pas forcément géniale non plus mais portée par de très bons titres tel que l’excellent Ice Cream Man.
Chroniqué par
Ikhlas
le 17/12/2013