L'un des desseins les plus implicites des disques d'électro à tendance minimaliste - techno, IDM, downtempo peu importe - est de parvenir à dresser des tableaux musicaux dans lesquelles l'auditeur devenu spectateur se perdrait, captivé, éberlué : une sorte de bouleversement, de disqualification des sens. Un idéal rarement atteint mais qui sous-tend certainement le choix du metteur en scène Sebastian Hartmann de s'adjoindre les services de
Sasha Ring aka
Apparat dans l'élaboration de la bande-son de son adaptation théâtrale de
Guerre et Paix de
Tolstoï.
Krieg Und Frieden (Music For Theatre), septième album solo d'
Apparat est le résultat post-représentation de ce travail, une relecture figée dans le temps qui donne finalement une seconde vie à ce projet. Une expérience nouvelle pour le Berlinois qui le mène bien loin de ces premières embardées techno pour
Shitkatapult mais apparait malgré tout comme la suite logique d'une discographie dense et hétéroclite.
Enregistrés avec
Philipp Timm (violoncelle) et
Christoph "Mackie" Hartmann (violon), membres du groupe live de Ring, ces dix titres, tour à tour mélancoliques, lyriques, épiques même, ne se lassent de noyer l'auditeur dans les volutes d'une histoire que l'on sent brûlante, violente. Chaque convulsion électronique, les plus imperceptibles soient elles, chaque brisure de cordes délicieuse autant qu'insidieuse qui forment les textures délicates et ouvragées de cette B.O., en ont la puissance onirique.
Une atmosphère virale s'étend alors au fil des écoutes. Une ambiance contagieuse où, si l'electronica d'
Apparat ne domine jamais , restent ses valeurs séminales faites d'entrelacements de rêves et de réalité, de force et de douceur...De Guerre et de Paix, oui voilà !!
Chroniqué par
Yvan
le 21/06/2013
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