On peut dire pour commencer que du beau monde s'est rassemblé autour du nouveau projet des
2Kilos&More :
Black Sifichi qui amène ses textes et sa voix,
Norscq lui prend les commandes de la console et
Flore Magnet celles de nos sens de toute sa grâce vocale. Un beau programme en perspective, esthétique et singulier, à l'instar d'un digipack, au format atypique, bariolé de bleu, de vert, de mauve. A l'image de la musique qu'il contient, reflet étrangement coloré et conceptuel des trois villes dont nous parlent le titre.
Ce disque se cale en effet à mi-distance de trois cités européennes où chacun des protagonistes a séjourné : Paris, Essen et Berlin. Trois métropoles, moins parties prenantes des ambiances échafaudées par le duo (pas de field recordings ici) que réelles sources d'influences. Un album d'une pureté rare, urbain bien entendu, sombre et foisonnant. L'exemple même de luxuriance minérale .
Chaque morceau porte la même structure : recherche et improvisation électronique définissent une trame sur laquelle se posent des instrumentations organiques. Nait ainsi une musique surprenante, grâce à laquelle on transite d'un post-rock rentré vers une électro ambient ombrageuse. Des sonorités qui s'amalgament presque malgré elles et caressent à rebrousse-poil leur auditoire avant de le prendre littéralement à la gorge dans un final (Out) aussi condensé qu'efficace, l'éclatement au grand jour d'une folie trop longtemps retenue.
Au centre de ces débats , plus qu'un pont entre ces deux mondes faits d'expérimentations rock et d'électronique savante, un morceau fleuve (Ich) qui synthétise le travail et l'approche artistique de ces deux-là : un alliance solide d'érudition et de style.
Irrémédiablement, l'
Entre3villes des
2Kilos&More devient indispensable à toutes pérégrinations, réelles comme fantasmées. Idéal pour les errances volontaires. Celles aux odeurs enivrantes d'éther, qui relèvent le goût de ces nuits sauvages où se chercher devient un jeu ; où pour se retrouver il ne reste plus qu'à arpenter la cité. Seul, et grâce à eux, bizarrement, bien accompagné.
Chroniqué par
Yvan
le 25/03/2011