Depuis ses débuts,
Raoul Sinier n'a eu de cesse de révéler sa passion pour une électro revêche et originale, la confrontant immanquablement à son imagination débordante et retorse, pour donner naissance à une musique toujours renouvelée. Une musique qui n'a jamais rejeté sa part d'ombre, faisant de celle-ci la matière première, l'essence même, d'une démarche artistique singulière et hors norme.
Plus à un contre-pied près,
Sinier - qui nous avait malgré tout mis la puce à l'oreille sur son dernier
Lp - se jette ici dans la chanson. Confirmant, s'il était besoin, son habileté à générer des ambiances obsessionnelles et doucement obscures (
Hidden Tremens Industry, rappel s'il en est de son précédent opus), au même titre qu'il fait montre d'un certain apaisement rythmique (
Ants War mais le mot est surement trop fort !),
Ra joue sur ce nouvel Ep dans une veine electronica sombre et chantée qui en surprendra plus d'un.
Et bien, pas nous ! Pour tout vous dire, on l'attendait de pied ferme ce moment où le lascar prendrait la mesure de ce nouvel instrument : sa voix. Le voilà enfin arrivé !
Ainsi, on sera directement happé par la reprise, pas facile et pourtant évidente, du
Cymbal Rush de
Thom Yorke - bon sang fallait oser se mesurer à ça, chapeau l'artiste ! -, une version qui transcende véritablement l'originale, l'arpentant par sa face nihiliste. Pour rester longtemps hanté par le monologue habité et envoûtant de la nébuleuse synthétique de
Strange Teeth and Black Nails, vrai sommet de ce cinq titres. Le remix de
Hecq ne parvenant pas à nous extirper du rêve spongieux et patraque dans lequel Môssier
Sinier nous a plongé.
Clairement, ce disque rassure - deux ans sans nouvelles c'est long ! - et nous convainc définitivement. La marche en avant artistique continue. Pourvu que ça dure (
un album est prévu chez Ad Noiseam cet été ) !
Chroniqué par
Yvan
le 20/02/2011