Il a fallu qu'
Anticon le produise, que
Daedelus lui accorde sa bénédiction pour que le monde daigne enfin s'intéresser à Will Wiesenfield. Mal connu à ses débuts, malgré la cohorte de projets auxquels il a participé – citons notamment le groupe
Post-Fœtus – le Californien signe son premier album sous le nom de
Baths.
Cerulean est un disque pour les amateurs d’electronica bien ciselée. La production y est chaude et fourmille de détails. Mais décrire la popote de
Baths n’est pas chose aisée. La première écoute est déconcertante. Le chant est enfantin, mélancolique, tout comme les rythmes syncopés qui envahissent l’album.
Apologetic Shoulder Blades introduit magnifiquement l’album sous une avalanche de sons cosmiques. Morceau abstract par excellence,
Baths y fait preuve d'une certaine candeur. Le parcours se poursuit avec
Animals. LE tube. Beats magiques, chœurs d’enfants, explosion de légèreté et, pour enfoncer le clou, un riff de guitare imparable qui rythme le tout. Le morceau est sensible, généreux, cohérent et atypique à la fois.
Baths a décidément un son bien à lui. Gros coup de cœur aussi pour
Hall où une sublime ligne abstract prend le pas sur un beau bordel introductif. La voix est touchante, nostalgique, presque miraculeuse. Tout s'accorde si admirablement bien, de l’acoustique à la mélodie plus électronique, que j'en ai à chaque écoute la bouche béante de bonheur. Et puis il y a
Indoorsy, ou l'histoire d'une montée parfaite. Une belle ritournelle, très mélodique, accompagne un rythme syncopé. Le temps d'un léger flottement et nous voilà bousculés par l’arrivée de synthés et d’une voix plus pressante qu’à l’accoutumée.
Baths a pensé à tout.
Pléa vient calmer les ardeurs grâce à son métissage acoustique électronique. La reverb des guitares est superbe, et on jurerait que le rythme en hand-clap sort d’un morceau de
Daedelus. Cette piste aurait pu faire un beau final, mais
Baths lui fait succéder un
Departure qui sonne peut-être un peu bâteau par rapport au reste.
Un album aura suffit pour imposer
Baths comme valeur incontournable de la scène. Son disque poignant, dansant, intelligent et très personnel, n’aura aucun mal à convaincre les amateurs d’electronica chill-wave à la
Toro Y Moi ou de la pétulante scène abstract de Los Angeles (
Flying Lotus). Au risque de les hanter après quelques écoutes...
Chroniqué par
StellaDominique
le 06/12/2010