Après un premier album chez
Hymen,
Zeller sort son deuxième opus chez
Tympanik Audio. Un tout jeune producteur qui gagne la considération de deux labels aussi prestigieux suscite forcément la curiosité. On peut voir dans le travail de
Zeller les marques d'un patrimoine génétique composite. Une espèce bâtarde issue d'un croisement entre indus, IDM, breakcore, et dubstep. La touche indus est la plus prononcée. Pas très doux avec ses synthés, le producteur originaire de Nîmes les pousse jusqu'à leur faire cracher leur bile la plus corrosive. Les influences IDM, quant à elles, se manifestent dans le travail des rythmiques et des ambiances. Le patchwork de samples craignos évoque vaguement ce que l'on peut trouver dans le breakcore. Et le dubstep, que
Zeller n'avait pas encore digéré lors de son premier album, dicte de temps à autres la cadence à adopter. C'est d'ailleurs une ouverture à laquelle on commence à être habitué depuis un ou deux ans.
Zeller fait parti, avec
Hecq et
Architect, de ceux qui ont choisi d'attraper la vague en cours de route.
Que vaut donc
Turbulences ? Une chose est sûre, les ondes que
Zeller écorche sans état d'âme bannissent d'office son IDM de la frange proprette qui glisse sur les oreilles. Le Nîmois cultive un côté crade et saturé typiquement indus. Le perpétuel échange du premier plan vers les réverbérations abyssales est une technique éprouvée dont
Hecq ou
Broken Note se sont fait la spécialité.
Zeller la maîtrise autant qu'il excelle dans l'art de ronger les enceintes de sa synthèse caustique.
Ce qu'il y a de plus dérangeant, en revanche, c'est l'aspect cheap de ses productions. Sauf à vouloir le rentabiliser jusqu'à l'extrême, pourquoi
Zeller est-il allé piocher ses samples dans le Dance eJay qu'on lui a offert en 97 (
Starship Weapons Kit) ? Ne parlons même pas de cet horrible clavier qui déboule à 2:09 sur
Dark Matter Observatory. Qu'on veuille donner un côté oldschool à ses productions, pourquoi pas. Mais ces éléments, au milieu de morceaux qui se veulent chiadés, ressemblent plus à des ratés qu'autre chose.
Zeller tient le bon bout. Ce deuxième album confirme son talent, mais laisse aussi une marge de progression qu'on espère voir comblée pour la suite !
Chroniqué par
Tehanor
le 03/09/2010