À chacune de ses sorties,
Sons of frida mettent la barre un peu plus haut. On pourra toujours relativiser cette affirmation puisque : (1) oui, c'est un groupe autoproduit (2) oui, leur public est confidentiel et (3) oui, le nombre de personnes qui s'intéressent à eux dans le beau monde de la musique est proportionnel à leur confidentialité. Or, ils font de la bonne musique, ne s'essoufflent pas, au contraire, deviennent meilleurs et sont manifestement meilleurs que le tout-venant rock.
Pourquoi sont-ils ignorés ? Peut-être parce que le monde est pourri. Mais c'est un autre sujet.
Le sujet, c'est ce disque brûlant, bruyant et poétique en son genre. Une poétique rock et dure, de l'intransigeance, ce qui n'exclut pas quelque espace de délire.
D'emblée : voix déraillées qui s'éraillent, du sang sur le mur des guitares. Hurlement de ces guitares qui cassent tout sauf le rythme, ou quelques temps seulement, puis reprise au maximum d'un thème dont seule la basse semble se souvenir (
The street). Un moment de calme ou approximativement (
Burn) et
Quiche qui accélère le tempo, voix habitée ou vidée d'elle-même qui dit qu'elle a vingt-cinq ou trente-cinq ans et qu'elle va mourir. Encore :
Six and a half roulis des guitares autour d'un axe basse / batterie qui ne se tord jamais, le laisse devenir une chanson ou le dialogue bruitiste de deux oiseaux sur une branche pourrie. Sur la longueur,
Cut the house résume autant l'esprit du disque que celui du groupe : lent et sombre, craquelures musicales, tirs sans sommation qui interrompent passagèrement la monotonie, reprise avant l'explosion et finale en fanfare (au sens propre du terme, cf.
Molly Spencer).
C'est
Sonic youth et c'est
Fugazi, c'est noise et c'est nineties. C'est surtout magnifique.
Chroniqué par
Jérôme Orsoni
le 10/06/2010