Drum’s Not Dead avait été l’une des bonnes surprises de l’année 2006. Et même si le précédent album du groupe n’était pas à la hauteur,
Liars signe toujours des productions qui détonnent au point d’en désarçonner son public. Le trio avec cet album accentue le virage
freak rock lancé par leur précédent album. Et d‘ailleurs l’histoire du groupe semble reprise là où ce précédent opus nous avait laissé. Mais
Sisterworld présente l’avantage de pousser le raisonnement beaucoup plus loin. Et ce n’est pas pour nous déplaire.
Ce nouvel album inspiré par Los Angeles égraine des titres somptueux et tortueux. Un album extrême qui n’hésite pas à mélanger les genres et à passer d’une atmosphère sombre et calme à des coups de folies tonitruant comme le montre le titre d’ouverture (
Scissor). Et oui
Sisterworld semble habité par la folie et la décadence. Cela nous ramène à l’atmosphère schizophrène des films de
David Lynch, et tout particulièrement
Lost Highway ou
Mulholand Drive. Un album placé sous le signe de la tragédie. Bizarrement, ce dernier évoque l’album
Murders Ballads de
Nick Cave tant pour le côté tragique des textes que pour l’atmosphère moite et oppressante qui l’habite. En effet,
Sisterworld est un album un peu particulier. Ici,
Liars quitte son rôle de groupe de rock pour celui de compteur. Et cela fonctionne plutôt bien. Cette nouvelle production s’écoute d’une traite même si à la fin de la séance, on semble vidé par cette musique hypnotique et moite. A l’exception de deux titres assez
rockabilly (
Scarecrows On A Killer Slant, The Overachievers) et d’autres qui flirtent du côté du
post- rock apocalyptique (
Goodnight Everything, I Still Can See An Outside World), il n’est pas question de bouger la tête en s’improvisant le nouveau champion de
Air Guitar. Au contraire,
Liars installe une atmosphère de cauchemar. Avec pour notre plus grand plaisir des petits chefs-d’œuvre tels que
Scissor, No Barrier Fun, Proud Evolution ou
Goodnight Everything.
Sisterworld est un disque un peu difficile d’accès tant il faudra répéter les écoutes pour arriver à apprécier chacun des titres et même ceux qui semblent au premier abord un peu vide (
Here Comes All The People, Drip, I Still Can See An Outside World). Cet album est tortueux, voire casse gueule. La musique semble interminable. Les quarante minutes donnant l’impression de s’écouler au compte gouttes.
Pourtant jamais le groupe n’aura été aussi habité à la fois par le spectre de
Pink Floyd et celui du
punk. Et passer sa route devant cet album serait une erreur. Si en se focalisant sur les détails, on voit sans conteste que ce dernier est perfectible, l’appréciation globale que l’on ferra de ce disque est plus qu’enthousiaste. La preuve, on en redemande.